La tendance à la hausse des cas d’escroquerie bancaire se confirme, souligne l’ombudsman des banques suisses dans son rapport annuel présenté mardi. Une grande partie concerne des cas liés aux cartes de crédit et de débit. Les escrocs ont mis au point de nombreuses méthodes sophistiquées pour inciter les clients à effectuer eux-mêmes des paiements ou à débiter leurs cartes sous des motifs fallacieux.

Une autre méthode consiste à se procurer frauduleusement auprès des clients des mots de passe et des codes d’accès afin de déclencher des paiements. Comme la responsabilité de la banque pour les dommages subis est rarement engagée, ce sont généralement les clients et non l’établissement financier qui sont visés par ces attaques. Les malfrats restent souvent introuvables et les victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer. Les succès d’une procédure de médiation sont plutôt l’exception que la règle, hormis les solutions à bien plaire et les concessions faites par les instituts financiers, reconnaît l’instance de médiation.

«La charge ingrate du règlement des dommages incombe toujours aux mauvaises personnes. Soit l’émetteur de la carte, qui ne peut habituellement pas être tenu pour responsable en raison des dispositions contractuelles, soit la personne lésée, ce qui est parfois vécu comme un traumatisme par les victimes de la fraude», constate Andreas Barfuss, ombudsman des banques suisses depuis le début de l’année.

De faux policiers ciblent les personnes âgées

Dans son rapport annuel, l’instance de médiation rapporte que plusieurs clients ont été victimes d’une variante d’escroquerie impliquant de faux policiers. Les malfrats ciblent en particulier les personnes âgées, les contactent par téléphone et se font passer pour des collaborateurs de la police. Les faux policiers affirment qu’un proche de la victime se trouve dans une situation de détresse extraordinaire, par exemple parce qu’il a provoqué un accident de voiture, et qu’il a besoin d’argent liquide de toute urgence.

D’autres clients ont été victimes de la méthode connue sous le nom d’«escroquerie Microsoft». De faux collaborateurs de l’entreprise contactent le client par téléphone en prétendant remédier à des problèmes de sécurité sur son ordinateur. Ils accèdent ainsi à son système e-banking et déclenchent eux-mêmes des transactions.

Les cas d’escroquerie sur des plateformes de vente en ligne sont également fréquents. Des personnes prétendument intéressées par l’article annoncé par un client prétextent avoir besoin, pour le transfert du prix d’achat, des données de sa carte de crédit, qu’elles utilisent ensuite pour effectuer des transactions en leur faveur.

Concessions des banques

Comme il n’est souvent pas possible de répondre aux attentes des clients, la prévention des cas d’escroquerie est «extrêmement importante», souligne l’instance de médiation. L’ombudsman se borne à recommander aux clients de respecter les informations et les mises en garde des autorités, des banques et des organisations de protection des consommateurs. Il appelle également à faire preuve de précaution avec l’e-banking sur son téléphone portable.

En 2022, l’instance de médiation a réglé 2006 cas, soit environ 4% de plus que l’année précédente. Environ 60% des cas écrits réglés concernent le domaine «Compte, trafic des paiements, cartes», pour lequel la fraude est la cause la plus fréquente de problèmes. Dans le détail, l’ombudsman s’est adressé dans 257 dossiers à l’institut financier concerné et a proposé des solutions concrètes dans 170 cas. Dans 95% des interventions, l’établissement concerné s’est rangé à l’avis de l’institution et a fait des concessions aux clients.

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Par ailleurs, l’ombudsman des banques n’a pour l’instant pas été submergé de demandes liées à la débâcle de Credit Suisse. Dans les semaines qui ont précédé la chute du numéro deux bancaire helvétique, les questions sur le thème too big to fail se sont multipliées, les gens s’inquiétant de perdre leurs économies. Mais par la suite, la vague de questions attendue n’a pas eu lieu. «Une explication possible est que toute la thématique autour de la dépréciation des obligations AT1 ne relève pas, stricto sensu, du domaine de responsabilité des banques ou de l’ombudsman des banques», avance l’instance.