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La censure soft de la pollution chinoise

Le documentaire d’une jeune femme, pointant les risques de santé majeurs liés à la pollution en Chine, fait un tabac sur Internet. Le régime tente habilement d’en minimiser l’audience. Sharp se prépare une nouvelle restructuration douloureuse. Lenovo et Huawei viennent jouer les trouble-fête face à Xiaomi. Les salaires japonais baissent toujours mais moins vite

© AFP Photo
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Le Web chinois ne bruisse que de ce sujet depuis deux jours. Chai Jing, une ancienne journaliste de la télévision d’Etat chinoise a mis en ligne, samedi, un documentaire qu’elle a tourné par ses propres moyens et pointant du doigt les risques sanitaires majeurs liés à la pollution atmosphérique en Chine. Son film, qu’elle a décidé de réaliser à la suite de la naissance de sa fille avec une tumeur bénigne, a connu un succès foudroyant, atteignant les 170 millions de visionnages en quelques jours seulement. Habile, la jeune femme se garde bien d’attaquer frontalement le système chinois, même si elle égratigne les groupes pétroliers responsables de mal raffiner l’essence. Au contraire, elle termine par une exhortation à l’action collective, jugeant que c’est à chacun de faire un peu, au coin de la rue, pour améliorer la qualité de l’air en Chine. Cette posture conciliante lui a même valu les remerciements du nouveau ministre de l’Environnement, Chen Jining. Manifestement, après cet accueil consensuel, Pékin a décidé de reprendre la main afin d’éviter que le phénomène prenne une ampleur dangereuse. De façon subtile: le film est toujours accessible sur l’Internet chinois, mais les médias nationaux ont reçu des consignes leur demandant de cesser d’en assurer la publicité. Certains journaux ont même dû supprimer les articles qu’ils avaient consacrés à ce sujet. L’agence officielle Xinhua aurait, de son côté, envoyé une note aux rédactions leur demandant de ne plus utiliser des contenus qu’elle avait elle-même produits au cours des heures précédentes. Pékin a sifflé la fin de la partie, mais d’une façon suffisamment douce pour que le coup de sifflet soit inaudible.

Sharp se prépare une nouvelle restructuration douloureuse

Les investisseurs semblent désespérer des difficultés du géant japonais de l’électronique Sharp. Mardi, à la mi-journée, le titre du groupe perdait plus de 7% sur la place de Tokyo après la diffusion d’un nouveau communiqué laissant entendre que le groupe allait prochainement enclencher une nouvelle séquence de restructuration pour tenter de résoudre ses lancinants problèmes financiers et commerciaux. Si le groupe a assuré qu’il n’avait pas encore défini de stratégie précise, il a reconnu qu’il «étudiait diverses possibilités». Officiellement, Sharp prévoit de finir l’exercice fiscal, qui s’achèvera à la fin du mois, sur une perte nette de 30 milliards de yens (224 millions d’euros). Mais, selon le Nikkei, le groupe qui souffre de la guerre des prix que se livrent les grands producteurs asiatiques de petits écrans LCD pour emporter les commandes d’Apple et de Xiaomi pourrait en fait dévoiler dans les prochains jours une perte nette de plus de 100 milliards de yens (745 millions d’euros). Et il aurait déjà anticipé de lourdes pertes pour l’année fiscale suivante. En très mauvaise santé depuis le début des années 2010, le groupe risque, selon les médias nippons, d’être contraint de réclamer prochainement une nouvelle aide financière à ses grands créditeurs, Mizuho Bank et Bank of Tokyo Mitsubishi UFJ. Il souhaiterait obtenir une injection d’environ 150 milliards de yens (1,1 milliard d’euros) des deux établissements auxquels il offrirait, en échange, des actions de préférence. Pour emporter l’accord des banques, Sharp pourrait, selon le Nikkei, proposer une vigoureuse restructuration de ses divisions japonaises. Il envisagerait la fermeture de plusieurs usines de production de composants dans l’Archipel mais aussi un arrêt progressif de ses activités dans le solaire.

Lenovo et Huawei viennent jouer les trouble-fête face à Xiaomi

Xiaomi, le petit nouveau du marché des smartphones, qui a effectué une percée spectaculaire en Chine et entend bien faire de même au niveau mondial, va devoir compter sur de coriaces adversaires, venus de son propre pays. Un peu rapidement considéré comme numéro 3 mondial, il ne serait que 5e désormais. Lenovo et Huawei ont en effet été classés, respectivement, 3e et 4e par les volumes de ventes mondiaux au dernier trimestre 2014, selon des chiffres d’IDC. Lenovo, en particulier, est en train de tirer les bénéfices du rachat à Google, pour 2,9 milliards de dollars, de Motorola. Après deux ans d’absence sur le marché chinois, la marque a été relancée et a connu, au moment des fêtes du nouvel an chinois, un début encourageant, selon Lenovo, qui se targue d’avoir été deuxième au classement des ventes de téléphones d’une valeur supérieure à 3000 yuans (350 euros) sur le site JD. com, leader en Chine sur les produits technologiques. Le président de la branche mobile de Lenovo, cité par l’agence Bloomberg, juge que son groupe peut compter sur son «hardware», sa chaîne logistique et son innovation. De fait, la fulgurante ascension de Xiaomi s’est construite avant tout sur une idée innovante – des appareils de bonne qualité et au design alléchant mais à prix serré – ainsi qu’un marketing extrêmement intelligent. Mais au plan technologique, le groupe va encore devoir faire ses preuves, comme en témoignent les déboires qu’il a subis sur le marché indien pour des problèmes de propriété intellectuelle.

Les salaires japonais baissent toujours mais moins vite

Le gouvernement japonais pourrait trouver une lueur d’espoir dans les statistiques diffusées ce matin par son Ministère du travail. Tokyo qui a besoin d’une hausse du pouvoir d’achat de sa population pour emporter son pari économique et retrouver un peu de croissance a appris que les salaires réels dans le pays avaient encore chuté de 1,5% en glissement annuel en janvier. Mais ce énième recul est légèrement inférieur à celui mesuré un moins plus tôt. En décembre, la baisse avait atteint 1,7%. A ce rythme, les salariés japonais pourraient, dans les prochains mois, profiter d’une stabilisation de leur pouvoir d’achat. Les entreprises qui peinent dans de nombreux secteurs à trouver de la main-d’œuvre ont cédé quelques hausses des salaires nominaux mais ces progrès ont été, depuis 2012, bien inférieurs aux hausses de prix alimentées dans le pays par la chute du yen et la hausse de TVA. Elles n’ont pas permis de redresser l’évolution des salaires réels. Avec la chute du prix du pétrole, l’inflation a considérablement ralenti dans l’Archipel et les légères hausses des salaires nominaux pourraient dès lors dépasser au printemps le rythme de la hausse des prix.