C’est tout droit des Etats-Unis que vient ce label qui veut être aux entreprises de tous secteurs ce que le fair trade est au café. Fort de 1200 entreprises certifiées, majoritairement américaines, il part à la conquête de l’Europe avec un nouveau hub basé à Genève. Jonathan Normand, en tant que fondateur de la société en conseil durable Codethic et représentant du label en Suisse, coordonne ce lancement prévu pour janvier.
«B Corporation est la certification durable la plus aboutie à ce jour car elle englobe la palette la plus large des impacts qu’une entreprise peut avoir au niveau humain et environnemental», assure Jonathan Normand. Du côté des nombreuses normes ISO, il en existe bien une, ISO 26 000, qui traite de la question. Mais elle donne des lignes directrices, pas de certification.
«Un des atouts de la démarche est sa simplicité», avance Christophe Barman, à la tête de Loyco, société genevoise spécialisée dans l’outsourcing administratif et qui vient de se lancer dans la démarche. En une heure et demie, un logiciel en ligne sur le site de B Corporation permet à toute entreprise de connaître ses points forts et faibles en termes d’impact durable. Transparence de la direction, structure actionnariale, flexibilité du temps de travail, gaspillage, promotion de la mobilité douce… Tout est passé en revue.
Accès gratuit au logiciel
Le coût modéré de la certification séduit aussi. L’accès au logiciel d’évaluation est gratuit. La mise à niveau peut l’être aussi. Tout dépend de la complexité de l’activité et du chemin à parcourir vers la certification. «Parfois, il y a juste quelques conseils à donner. Mais pour une société textile avec plusieurs sites de production en Europe, je dois par exemple prévoir trois à six mois de travail», détaille Jonathan Normand. Conseil en l’occurrence facturé par Codethic. Dans tous les cas, un important travail de documentation est à prévoir. Puis la certification est effectuée par un auditeur. Enfin, la cotisation annuelle se monte à 1000 francs par an pour 1 million de francs de chiffre d’affaires.
Comment ce label vit-il? Créée en 2006 avec le soutien de la Fondation Rockefeller, B Corporation est une organisation non gouvernementale. Jonathan Normand développe la plateforme suisse, avec traduction du site en trois langues, adaptation du logiciel d’évaluation aux critères nationaux et création d’une antenne locale, à ses frais. «C’est une façon de montrer mon engagement pour ces valeurs», affirme-t-il.
Fort aspect communautaire
D’autres arguments plaident en faveur de ce label, selon Benoît Greindl, cofondateur du complexe hôtelier Montagne Alternative, seule entité suisse certifiée à ce jour. «Ce qui ne se mesure pas ne peut pas se gérer. Or, l’outil de pilotage très concret de B Corporation le permet et ouvre de nouvelles perspectives», souligne ce convaincu.
L’aspect communautaire est fortement promu: les marques B Corporation sont incitées à se soutenir sur les réseaux sociaux, à se fournir les unes chez les autres, à se retrouver lors de la réunion annuelle. Parmi les très connues figurent Patagonia, Ben&Jerry’s, Etsy.
«Il s’agit de graver dans le marbre une nouvelle façon de faire du business, de ne pas être uniquement axé sur l’argent. Il y a un côté militant qui me correspond et que les Américains savent très bien catalyser», résume Benoît Greindl.
C’est d’ailleurs avec une ambition de taille que B Corporation aborde l’Europe: celle de créer un nouveau statut de société qui engloberait tous ces critères durables, sorte de fusion idéale entre l’association et la coopérative. La «Benefit Corporation» existe déjà dans 27 Etats américains.