Publicité

Cet hiver, casque rimera avec masque dans les stations

Les stations de ski préparent activement la saison d’hiver qui débute en novembre. Tout comme cet été, elles vont devoir avant tout miser sur la clientèle suisse

Un skieur portant un masque, lors de l'ouverture de la saison d'hiver du Glacier 3000, aux Diablerets.  — © Leandre Duggan/Keystone
Un skieur portant un masque, lors de l'ouverture de la saison d'hiver du Glacier 3000, aux Diablerets.  — © Leandre Duggan/Keystone

Un saut dans le temps: alors que le soleil et la neige étaient au rendez-vous, les domaines skiables avaient été stoppés nets à la mi-mars, lors du début de la pandémie. Inédit, l’événement avait entraîné un manque à gagner estimé à 300 millions de francs jusqu’à la fin du mois d’avril.

Réunie jeudi en assemblée générale à Lucerne, l’association Remontées mécaniques suisses (RMS) a mis les bouchées doubles pour éviter de revivre pareil scénario. Son comité directeur a adopté cette semaine un concept sanitaire qui prévoit des mesures complémentaires à celles qui faisaient foi cet été. Les masques seront de mise dans les files d’attente à l’intérieur, de même que dans les installations fermées.

Lire aussi l'article lié: L’automne brumeux des offices de tourisme

Aux entreprises exploitantes d’appliquer et de faire respecter ces consignes. «L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) n’a jamais considéré nos installations comme des transports publics», rappelle Eric Balet, directeur de Téléverbier, mais aussi vice-président de RMS. Instaurée en juillet, l’obligation de porter une protection faciale dans les trains et les bus ne touche ainsi pas à l’intégralité des remontées mécaniques.

Lire également notre éditorial:  Le «last minute» à son apogée

Des masques adaptés

Comment combiner masques et casques? La question figure au cœur des préoccupations. En Suisse, deux entreprises en tout cas s’en sont emparées.

Basée à Granges (VS), la PME Texner a adapté aux mesures sanitaires ses accessoires pour le ski. «Nous avons choisi d’intégrer dans des produits usuels tels que les tours de cou un masque conventionnel», indique Stany Fardel, patron de cette entreprise d’une trentaine d’employés qui, normalement, ne commercialise pas directement ses produits auprès du grand public.

Elle est toutefois en train de changer son fusil d’épaule car, contre toute attente, la demande est moins élevée qu’escompté. Il faut dire que, si certaines stations songent à offrir des masques personnalisés, c’est au skieur de s’équiper. Texner en a pris acte. Un magasin en ligne devrait être opérationnel dans une semaine.

Expérience similaire aux Grisons où la start-up Muntagnard, approchée cet été par une organisation active dans l’innovation, a développé en deux semaines un projet de produit spécifique. «Il s’agissait d’une initiative qui visait à trouver des solutions pour soutenir le tourisme», précise Dario Pirovino, fondateur de la petite entreprise.

Alors qu’un soutien financier était envisagé, l’entrepreneur a finalement dû se résoudre à faire cavalier seul, un certain flou ayant régné au sujet de la position de l’OFSP. Le chef d’entreprise ne regrette pas sa décision puisque les précommandes de son produit composé de polypropylène, de polyamide et d’élasthanne vont bon train. «Nous en avons déjà enregistré quelques milliers et ne sommes pas loin du montant nécessaire pour rentrer dans nos frais», indique-t-il. Tout comme Texner, sa société est passée pour ses tests par la société SQTS, propriété de Migros.

Les Suisses en sauveurs

Comme ce fut le cas cet été, c’est avant tout sur les Suisses que les milieux touristiques comptent pour éviter un naufrage. «Si tous les skieurs suisses venaient chez nous, cela compenserait sans problème la baisse de la clientèle étrangère», souligne Eric Balet.

Mais pour ce faire, il faut de la confiance. Rassurer par exemple les sexagénaires, très présents sur les pistes. RMS recommande ainsi aux restaurants situés sur les pistes de suivre également son concept. L’association ne tient en revanche pas le couteau par le manche pour la vie nocturne en station. «Le traditionnel après-ski semble plutôt compromis et il faudra voir comment les jeunes réagissent aux contraintes imposées», relève Eric Balet.

Tout le monde a évidemment en tête le souvenir de la station autrichienne d’Ischgl, foyer de contamination, l’hiver dernier. Verbier avait également été pointée du doigt en mars puisqu’une flambée de cas avait été signalée, juste après la fermeture des domaines skiables.

Lire encore: A Verbier, un cri du cœur entendu mais pas écouté