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Washington inquiet des liens entre Séoul et Huawei. Difficile exercice de séduction pour Cameron en Chine. Le nucléaire sud-coréen malmené par une série de pannes. Sony veut s’offrir une nouvelle usine au Japon

Washington inquiet des liens entre Séoul et Huawei
Voilà qui ne devrait pas faciliter la visite de Joe Biden en Chine. Alors que le vice-président américain est actuellement en tournée en Asie, dans le but avant tout de tenter de réduire la tension liée à la mise en place par Pékin d’une zone de défense aérienne qui inclut des territoires contestés par Tokyo et Séoul, les représentants de deux comités du Sénat américain viennent de mettre en garde l’administration Obama sur un sujet très sensible en Chine. Le comité pour les relations étrangères et celui pour les activités de surveillance et d’espionnage («intelligence committee») s’inquiètent de la décision, prise par la société sud-coréenne LG Uplus, de confier au groupe chinois Huawei la construction d’une partie de son réseau national à haut débit. Séoul étant un allié des Etats-Unis, les représentants de ces deux comités jugent, dans une lettre au pouvoir exécutif, que «maintenir l’intégrité de l’infrastructure de télécommunications est essentiel» sur le territoire sud-coréen.
Ce n’est pas la première fois que Washington affiche sa méfiance à l’égard de Huawei. L’an dernier, le pouvoir américain avait mis en garde les sociétés travaillant dans les télécommunications contre Huawei et ZTE, l’autre grand équipementier chinois. Huawei a d’ailleurs été exclu d’un appel d’offres américain en octobre 2011. Les équipementiers chinois sont soupçonnés par Washington de liens avec le pouvoir chinois et de projets d’espionnage. Ils s’en défendent systématiquement avec virulence, voyant surtout dans la rhétorique américaine un protectionnisme déguisé.
Difficile exercice de séduction pour Cameron en Chine
Le premier ministre britannique, David Cameron, a employé les grands moyens pour séduire Pékin et retrouver les faveurs du Parti communiste chinois, après une période ternie par une rencontre avec le dalaï-lama. En déplacement dans la deuxième puissance économique mondiale, et accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise sans précédent, le responsable de l’exécutif britannique ne semble pas, pour autant, avoir convaincu tout le monde de sa bonne foi. Certes, il peut se targuer de propos enthousiastes de la part de son homologue chinois, Li Keqiang, plaidant pour une accélération de la coopération bilatérale «à la manière d’un train à grande vitesse». Mais les éditoriaux de la presse chinoise sont plus mesurés.
Certains doutent de la sincérité de David Cameron, sachant qu’au-delà de la question du Tibet, Londres a affiché ses divergences diplomatiques avec Pékin sur au moins deux autres dossiers – la démocratie à Hongkong et le différend territorial avec le Japon. Les délivrances au compte-gouttes de visas semblent également générer une frustration. Le Global Times, qui ne rate jamais une occasion d’afficher son nationalisme et sa virulence à l’égard des autres puissances, en profite pour conclure que le Royaume-Uni est désormais un vieux pays européen, dont les principales qualités sont ses sites touristiques et quelques équipes de football!
Certains, comme le journal hongkongais Takungpao, citent même en exemple la relation entre Paris et Pékin, construite sur des partenariats de longue durée (aéronautique et nucléaire notamment). Malgré la démonstration de force britannique, il semble clair qu’au plan politique, Jean-Marc Ayrault aura une carte à jouer lors de sa visite de quatre jours dans le pays, qui doit débuter ce jeudi.
Le nucléaire sud-coréen malmené par une série de pannes
Le gouvernement sud-coréen commence à s’interroger publiquement sur la capacité du pays à passer l’hiver sans panne de courant. Alors que les températures tombent dans la péninsule, les électriciens se retrouvent confrontés à une nouvelle série d’avaries dans leurs centrales nucléaires, qui fait chuter drastiquement leurs capacités de production. Ce matin, c’est le réacteur nucléaire Hanbit 3 qui a été suspendu suite à la découverte d’une panne dont l’origine exacte n’est pas encore identifiée. Un responsable de l’électricien Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP) a indiqué que «la turbine du générateur électrique avait été arrêtée» et que ses équipes tentaient de «déterminer la cause de cette suspension».
La semaine dernière, c’est le réacteur Kori 1, situé dans une autre centrale, qui avait été stoppé. Au total, 7 des 23 tranches du pays sont désormais à l’arrêt. En plus des réacteurs tombés en panne, le pays n’a toujours pas redémarré les unités dans lesquelles avaient été identifiés des composants non certifiés. Séoul avait découvert, fin 2012, au terme d’une vaste enquête, que des sociétés avaient falsifié les certificats d’authenticité de plusieurs centaines de pièces lors de la construction des centrales du pays et avait dû contraindre l’opérateur KHNP à remplacer les éléments suspects.
Le gouvernement espère que ces opérations de remplacement seront rapidement terminées et permettront un rallumage rapide des tranches afin d’éviter une humiliante crise de pénurie d’électricité. L’exécutif a prévu de faire le point sur l’état de la situation énergétique à la mi-décembre.
Sony veut s’offrir une nouvelle usine au Japon
En juillet dernier, le grand producteur japonais de semi-conducteurs Renesas Electronics avait indiqué qu’il allait être contraint, dans le cadre d’une douloureuse phase de restructuration, de fermer son usine de Tsuruoka, dans le nord de l’Archipel, où il produisait notamment des puces pour les consoles Wii de Nintendo. Le groupe indiquait alors qu’il ne trouvait pas de repreneur potentiel pour ce site, pourtant ultramoderne. Et près de 1000 emplois semblaient condamnés.
Ce matin, le Nikkei affirme que Sony serait finalement en train de négocier le rachat du site, qu’il souhaiterait transformer en une grande usine de production de capteurs CMOS, destinés notamment aux smartphones de plusieurs grandes marques. Selon le quotidien japonais, cette reprise pourrait coûter 10 milliards de yens (100 millions de dollars) à Sony. Si le géant de l’électronique a refusé de confirmer l’information, les analystes notent que cette opération pourrait faire sens car elle permettrait au groupe de creuser davantage l’écart avec ses grands concurrents sur le marché mondial du capteur CMOS, dont il contrôle déjà 30%.
Avec l’explosion de la production d’appareils mobiles, la demande est forte pour ces supports photosensibles qui permettent de «transformer» la lumière en une image numérique. Sony opère déjà trois usines de capteurs CMOS et CCD dans l’Archipel. Avec ces semi-conducteurs, il équipe ses propres smartphones mais également les dernières générations d’iPhone d’Apple.