Gros coup de stress sur le Nikkei
En 2013, la bourse de Tokyo s’était imposée comme la plus performante de l’ensemble des places financières du monde développé. L’indice Nikkei avait bondi de 57% sur douze mois. Mais depuis son pic de la fin 2013, le marché japonais a perdu plus de 10% pour devenir le moins dynamique des grandes places de la planète, dans une méforme similaire à celle vécue par la bourse brésilienne.
Ce matin, le Nikkei a clôturé en baisse de 4,18%. A la mi-journée, seules quatre entreprises sur les 225 intégrées à l’indice réussissaient à maintenir la valeur de leurs titres dans le vert. Les analystes apparaissent déboussolés par cet étonnant retournement. Les dernières statistiques sur l’état de l’économie japonaise sont plutôt bonnes.
La croissance se maintient et le combat contre la déflation est en bonne voie. Pour expliquer le coup de froid, les traders pointent, comme toujours, l’évolution des taux de change et notent que le yen s’est légèrement apprécié face au dollar depuis début janvier. Les revenus que les grands exportateurs rapatrient de leurs filiales étrangères seront dès lors automatiquement moins spectaculaires lorsqu’ils seront rapatriés dans leurs livres de comptes présentés en yen.
Mais le récent mouvement est très limité en comparaison à la chute brutale de la valeur de la devise nippone sur l’année 2013 et la plupart des grands groupes cotés à Tokyo s’apprêtent à boucler l’un des meilleurs exercices fiscaux de leur histoire moderne. Se montrant globalement optimistes, les analystes veulent d’ailleurs croire à un petit coup de stress passager plus alimenté par les mauvaises performances des bourses américaines que par un bouleversement profond de la situation japonaise.
Déception pour le secteur tertiaire chinois
L’indice officiel des directeurs d’achats pour le secteur des services, publié à Pékin, décroît nettement. Alors qu’il se situait à 54,6 points en décembre, il a touché la valeur de 53,4 en janvier. Ces chiffres se maintiennent au-dessus de 50, ce qui signifie que la dynamique reste en croissance. Malgré tout, ce niveau est le plus faible observé depuis le déclenchement de la crise financière internationale de 2008.
La déception et l’inquiétude sont donc palpables chez les économistes, car le secteur tertiaire avait tendance à constituer, ces derniers trimestres, un pilier stable de la croissance chinoise, quand l’industrie apparaissait beaucoup plus volatile, évoluant notamment au gré des mesures de soutien impulsées par les autorités centrales. Certains vont jusqu’à évoquer le scénario d’un atterrissage brutal de l’économie chinoise, une hypothèse qui semblait avoir été écartée en 2013. De fait, le ralentissement manufacturier semble incontestable, et si les services flanchent également, la Chine ne disposera plus d’un solide moteur pour tirer sa croissance.
Malgré tout, il semble clair que le mois de janvier a été pénalisé par l’arrivée du nouvel an chinois, qui constitue toujours un biais difficile à neutraliser dans les statistiques officielles.
Tokyo et Séoul se disputent l’attention d’Obama
La diplomatie japonaise multiplie les contacts avec Washington pour sécuriser la pleine attention du président américain lors de sa prochaine tournée en Asie. Attendu dans la région vers la fin avril, Barack Obama a déjà programmé des étapes en Malaisie et aux Philippines, où il n’avait pu se rendre comme prévu lors de la crise du «shutdown» de son administration, et il doit ensuite prendre un peu de temps en Asie du Nord, où les relations diplomatiques entre les puissances chinoise, japonaise et sud-coréenne sont particulièrement tendues. Déjà certain d’accueillir le chef de l’Etat américain pour au moins une journée, Tokyo essaie désormais, selon les médias nippons, de saborder ses projets d’escale en Corée du Sud afin de sécuriser une seconde journée d’échanges qui permettrait le déploiement d’une plus solennelle «visite d’Etat».
Séoul a enclenché, de son côté, un intense lobbying pour «attirer» quelques heures le dirigeant sur son territoire et raccourcir ainsi son programme japonais. Washington va devoir arbitrer finement pour ne pas braquer les deux capitales de la zone, qui sont en froid depuis l’arrivée au pouvoir du premier ministre conservateur Shinzo Abe et cherchent, toutes les deux, l’approbation de la Maison-Blanche dans leurs différends.
Tokyo veut particulièrement resserrer les liens avec son allié historique qui aurait été profondément agacé par les dernières provocations de Shinzo Abe. Le premier ministre nippon avait ainsi, malgré les multiples mises en garde de l’administration Obama, visité fin décembre le sanctuaire shinto de Yasukuni à Tokyo, où sont honorés 2,5 millions de morts pour le Japon mais surtout 14 criminels de guerre condamnés pour leurs exactions dans la région lors du dernier conflit mondial. Pour la Chine, la Corée du Sud et d’autres pays asiatiques, ce sanctuaire symbolise le passé fasciste et militariste du Japon.