Vincent Martenet dit sans ambages ce qu’il veut et sur quels terrains encore mal défrichés il désire emmener la Commission de la concurrence (Comco) qu’il préside depuis moins de six mois. Ceux qui redoutaient un affaiblissement du droit de concurrence après le départ du Fribourgeois Walter Stoffel, peuvent aujourd’hui être rassurés. Le nouveau président a les idées claires et saura cibler, avec les faibles moyens en personnel dont il dispose, les domaines où les entorses au libre marché et au droit des consommateurs sont les plus sournoises.

La Comco enfoncera le clou pour tenter d’abolir les ententes privilégiant les entreprises locales dans le vaste domaine des marchés publics. La démarche est intéressante car le travail d’enquête se double d’une campagne d’information directe auprès des cantons qui adjugent des travaux qui, souvent, coûtent beaucoup trop cher aux contribuables. La commission s’attaquera aussi, dans le sillage de l’ébauche des règles élaborées par l’Union européenne, à la question de la stimulation de la concurrence par la vente directe sur internet.

L’enthousiasme et la liberté de pensée au service du consommateur affichés par Vincent Martenet font plaisir à voir. Il reste à espérer que cet élan ne sera pas coupé par un avant-projet de réforme qui tend à rigidifier, compliquer et allonger les procédures par l’instauration de véritables tribunaux de la concurrence. La conseillère fédérale Doris Leuthard s’était faite la championne de la concurrence en se battant pour limiter les entraves au principe du Cassis-de-Dijon. Gageons que l’entrepreneur Johann Schneider-Ammann saura oublier, en économie, la course au chiffre d’affaires indigène pour privilégier le droit de la concurrence et l’intérêt des consommateurs à payer un juste prix.