Ne touchant ni à la sécurité nucléaire, ni aux sanctions à l’encontre de l’Iran, c’est l’autre dossier chaud évoqué hier à Washington à l’occasion de l’entretien d’une heure et demi entre le Barack Obama et son homologue chinois Hu Jintao, lundi soir. Celui de la revalorisation du renminbi, Washington jugeant que sa parité face au dollar – Pékin maintient un taux pratiquement fixe depuis juillet 2008 – avantage injustement les exportations chinoises.
Dans ce domaine les choses avancent moins vite que dans celui des sanctions prévues à l’encontre de la République islamique. Le président Obama a de nouveau demandé à Pékin d’agir sur la monnaie chinoise afin que celle-ci affiche un taux de change «plus respectueux du marché». Réponse, lundi soir de son homologue, selon l’agence officielle XinHua? La réforme de la devise chinoise se fera en fonction des «propres besoins économiques et sociaux» du pays, non «sous la pression extérieure». Hu Jintao a ajouté que laisser le renminbi s’apprécier ne résoudrait pas le déséquilibre commercial entre les deux pays. Cette remarque du plus haut dirigeant de la République Populaire montre à quel point Pékin est opposé à tout changement dans son système de change, en particulier une réévaluation à court terme.
Mardi, la Banque Asiatique de Développement a également recommandé à Pékin de relâcher la pression sur sa monnaie, estimant qu’un taux de change plus flexible serait non seulement dans son intérêt «mais aussi dans celui des économies de la région», a déclaré son directeur, Robert Wihtol, lors de la présentation à Pékin du rapport 2010 de la Banque.
Sur les marchés à terme, qui reflètent les anticipations d’éventuelles fluctuations à venir d’un taux de change qui reste fixe, ceci a provoqué mardi la plus forte baisse en trois semaines de contrats «forwards» sur le renminbi, celui-ci retombant à 6,639 pour un dollar. La devise s’était appréciée vendredi, certains opérateurs pariant sur un changement imminent de la politique de change chinoise. Selon un sondage organisé par l’agence Bloomberg au sein des milieux financiers, les experts s’attendaient à ce que la Chine laisse le renminbi s’apprécier afin de ralentir l’inflation sur son sol; sans pour autant procéder à une réévaluation drastique, défavorable à ses exportateurs. «Si le renminbi n’affiche aucune appréciation observable sur le deuxième trimestre, l’actualité politique et économique rendra très difficile une telle appréciation durant le reste de 2010», écrit David Bloom, stratège sur les marchés de devises de la banque HSBC. «La perception selon laquelle les commentateurs étrangers essaient de faire pression sur la Chine s’avère avoir [surtout] durci les positions [chinoises]» sur ce front, poursuite l’expert londonien.