Une offre qui valorise l’entreprise à 939 millions d’euros et qui est inférieure au dernier cours de Club Méditerranée, qui a clôturé à 25,09 euros vendredi soir.
Mais cette fois, les enchères ne monteront pas plus haut. Car «après avoir analysé attentivement la situation de l’offre publique visant les titres de la société Club Méditerranée SA et, en particulier, les niveaux de valorisation atteints pour la société, le conseil d’administration de Global Resorts SAS (une société d’Andrea Bonomi, ndlr) a décidé de ne pas surenchérir et, en conséquence, a l’intention de retirer son offre», a annoncé le camp Bonomi dans un communiqué.
L’homme d’affaires italien met ainsi fin à l’OPA la plus longue de l’histoire de la place de Paris, un vendredi soir, au lendemain du Nouvel An.
Et il justifie son choix par des motifs financiers. Global Resorts estime que «la situation actuelle et les niveaux de valorisation ne permettent plus de considérer que le Club Med constitue une opportunité d’investissement».
Fosun, de son côté, «prend note avec satisfaction de cette décision», a déclaré à l’AFP une porte-parole.
Désormais c’est donc l’équipe adverse, menée par le Chinois Fosun, qui a la voie libre, Global Resorts proposant même de leur céder les 18,9% du capital du Club Med qu’il détient. Fosun détenait jusqu’à présent 18,25% du groupe français.
«Les actions Club Med détenues par Global Resorts seront soit apportées à l’offre de Gaillon Invest II, soit cédées sur le marché», détaille en effet Global Resorts.
Gallio Invest II est la société créée par Fosun pour porter sa propre OPA.
Deux visions stratégiques différentes
Au-delà de la guerre de surenchères, Bonomi et Fosun n’avaient pas la même vision sur l’avenir du Club Med, spécialisé dans les clubs de vacances haut de gamme.
Fosun a mis fortement l’accent sur le développement en Chine, «premier marché du tourisme au monde», et au Brésil avec son partenaire brésilien Nelson Tanure: le conglomérat Docas Investimentos est censé prendre jusqu’à 20% du capital de Gaillon Invest II, soit environ 10% du Club Med.
D’éventuels projets sont évoqués ailleurs, en Colombie notamment, et des discussions ont lieu avec «d’autres partenaires régionaux, y compris en Europe et en Amérique du nord», dont certains pourraient éventuellement entrer au capital.
L’Italien, lui, voulait s’intéresser davantage aux villages-clubs de moyenne gamme et être moins focalisé sur la Chine.
L’offre de Fosun avait en tous cas les faveurs du PDG du Club Med, Henri Giscard d’Estaing, promotteur de l’internationalisation du Club Med, et dont le but est d’équilibrer la clientèle entre Français, pays développés et pays émergents.
Les Français forment aujourd’hui 36% des clients des 70 villages du groupe au trident, répartis dans 26 pays (448.000 Français), suivis par les Chinois (126.000) et les Belges (80.000).
Une stratégie qui n’a toutefois pas encore porté ses fruits puisque sur le dernier exercice, le Club Méditerranée a essuyé 12 millions d’euros de perte nette part du groupe pour un chiffre d’affaires de 1,38 milliard d’euros et un résultat opérationnel de 13 millions.
Ses dirigeants insistent toutefois sur les «lourds investissements» réalisés: «1,2 milliard d’euros sur la période 2002-2014».
La bataille pour le rachat du Club Med, riche en rebondissements, recours et surenchères, avait débuté en mai 2013, lorsque Fosun, alors associé au fonds Ardian (ex-AXA Private Equity), s’était lancé à l’assaut du groupe avec une offre de 17 euros par action.