C'est ce pari-là que viennent de défendre les grands journaux anglo-saxons (New York Times, FT, The Economist). Mais rien n'est moins sûr car les nouveaux maîtres de l'information télévisuelle américaine s'appellent notamment Fox News dont le succès, basé sur une émotion chauvine plutôt que sur la réflexion, ne se dément pas. En d'autres termes, il n'est pas certain que la société américaine, grisée par sa victoire de la Guerre froide et persuadée de son invincibilité, soit encore une société ouverte au sens développé par le grand philosophe Karl Popper; par opposition aux sociétés fermées qui connaissent toutes, à un moment ou à un autre, une dérive totalitaire.
De telles nuances, les boursiers n'en ont cure. Pour eux, c'est l'efficacité immédiate qui prime. L'ennui, c'est que l'histoire du XXe siècle nous dit le contraire. Seules les sociétés ouvertes se sont révélées capables de connaître la croissance et l'expansion sur la durée. Autant dire que l'élection de demain concerne en premier chef le monde financier. Alors, à quoi pensent tous les grands patrons des prestigieuses investment banks de Wall Street qui ont tous appelé à voter Bush? Etait-ce uniquement pour donner le change? Ou étaient-ils sérieux puisque, comme disait Lénine, les capitalistes iront jusqu'à vendre la corde avec laquelle ils seront pendus?