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Au coeur des marchés. A posteriori, par Patrizio Merciai

Période des bilans et des prévisions, astrologiques ou autres, Nouvel An

Période des bilans et des prévisions, astrologiques ou autres, Nouvel An est aussi l'occasion de réfléchir sur notre perception du temps. Les investisseurs ne sont pas aussi rigoureux que les joueurs d'échecs, échelonnant les événements futurs selon des horizons précis. La subjectivité y tient une large part.

A Wall Street, le bear market avait commencé en mars 2000 (sommet de l'indice Nasdaq le 10, du S & P 500 le 24) mais à l'époque il avait été perçu comme une correction sectorielle, la revanche de «l'ancienne économie» sur la nouvelle. L'illusion avait persisté six mois environ, et la récession avait commencé plus tard encore, en mars 2001 à en croire les organes compétents (qui ont fixé cette date après coup, en novembre dernier). L'indice NAPM avait pourtant donné un premier signal négatif début décembre 2000. C'est alors que tout se précipita, la Fed opérant un virage à 180 degrés et entamant la baisse des taux le 3 janvier 2001. Les Bourses vivront depuis au rythme des nouvelles conjoncturelles et des résultats de sociétés: dégringolade en février-mars, forte reprise en avril-mai et rechute qui ira en s'accélérant jusqu'au 21 septembre.

Les attentats terroristes n'auront en fin de compte aggravé la baisse que de quelques points, pas plus que la débandade boursière de début septembre, déclenchée apparemment par la hausse du chômage américain. Réaction surprenante, car d'ordinaire le cycle de l'emploi est en retard sur les indicateurs industriels, qui avaient déjà cessé de se dégrader. Comme nous l'avons discuté par le passé, les attentats n'ont pas tué la reprise, mais l'ont reportée de six mois au plus. Nous venons d'en avoir une confirmation: la confiance des industriels se rétablit nettement et celle des consommateurs suit; les ventes de Noël ont été moins faibles que prévu aux Etats-Unis et fermes en Europe.

Des rechutes restent possibles jusqu'en mars-avril prochains, surtout si les investisseurs se fixent à nouveau sur le chômage, dont la montée n'est pas terminée – toujours ce décalage – aux Etats-Unis et encore moins en Europe. Sur d'autres indicateurs en revanche, le creux semble avoir été passé dès novembre. Autrement dit, au moment d'être officiellement déclarée, la récession était pratiquement terminée. Si tel est le cas, l'embellie boursière du trimestre dernier préfigure bel et bien la reprise. Dans les cycles précédents, les actions avaient d'ailleurs anticipé de plus de six mois le retournement conjoncturel. Le bull market a probablement commencé le 24 septembre 2001, mais on ne s'en apercevra que plus tard.