L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est mise devant le fait accompli. Face à son inertie, des Etats favorisent aujourd’hui la voie bilatérale ou régionale pour faire évoluer les conditions-cadres de leurs échanges. Une vague d’accords préférentiels, conçus plus rapidement et souvent plus aboutis, fait de l’ombre à l’OMC. «Nous assistons à l’essor de méga-accords, redoutables outils de dérégulation», souligne Ricardo Melendez-Ortiz, directeur exécutif du Centre international pour le commerce et le développement durable à Genève (ICTSD).
Exemples: le Partenariat transpacifique (30% du commerce mondial), le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (près de 50% du PIB mondial), le Partenariat économique régional exhaustif (40% du poids économique mondial). «Ces initiatives de libre-échange sont en train de changer les règles du jeu, relève Ricardo Melendez-Ortiz. L’un des problèmes est qu’elles mettent sur la touche, faute d’attractivité commerciale, les pays les moins développés qui, de par leur nombre, font mieux valoir leurs intérêts à l’OMC.»
Toutefois, une théorie consiste à faire de cette prolifération un moteur indirect de remise à jour des normes de l’OMC. «Vu que ces textes affectent une part de marché importante du commerce mondial, on pourrait considérer que leur contenu déteint sur l’OMC, dont les normes de base seraient interprétées à la lumière des nouvelles pratiques préférentielles», explique le responsable de l’ICTSD .