G20
A l’issue de sa première séance plénière, le G20 n’a toujours pas tranché la question d’une éventuelle liste des «paradis fiscaux». Nicolas Sarkozy a répété en vouloir une «tout de suite ou dans quelques jours». La Commission européenne a insisté sur la nécessité «d’obtenir des actes après les promesses». Tandis que la Chine a exprimé ses réserves.
«La publication éventuelle d’une liste se négocie actuellement. La décision n’est pas encore prise. Mais dans tous les cas, le communiqué final mettra le maximum de pression sur les pays ou entités ayant promis d’adopter les standards OCDE». Il est midi à Londres, 13 heures à Genève. Pia Hansen, porte-parole du président de la Commission européenne José-Manuel Barroso, affirme que ce sujet clef pour la Suisse «est toujours en discussion».
«L’UE n’a pas mis ce matin sur la table du G20 une proposition formelle de liste». Le président Français Nicolas Sarkozy aurait, pour sa part, exigé dès le début des discussions une telle liste «très vite ou dans les prochains jours»…
«C’est la confusion totale confirme une autre source européenne, affirmant que la Commission, contrairement à des informations obtenues à Londres «n’a pas écrit de lettre qui comporterait une liste ou un état des lieux». «Ce qu’il faut, poursuit-on à Bruxelles, c’est une mention claire dans le communiqué de la nécessité d’avancer d’ici les prochaines réunions du G20, en menaçant de pénaliser ceux qui ne passeront pas à l’acte».
Vrai ou faux? Des sources contactées par Le Temps affirmaient pourtant, ce matin que «l’Union européenne a transmis au G20 une liste «grise» contenant les juridictions ayant accepté l’art. 26 OCDE». Une attitude jugée, par certains observateurs, «totalement contradictoire avec les travaux préparatoires qui prévoyaient une déclaration générale sans liste de noms pour ces juridictions».
La question est évidemment cruciale pour la Suisse qui ne peut pas compter, dans l’enceinte du G20, sur beaucoup d’alliés. Seules la Chine – à cause de Hong-Kong – et la Russie auraient fait savoir à Berne qu’elles ne soutiendraient pas la publication de listes quelles qu’elles soient: «noire» pour les pays ou juridictions n’ayant toujours pas adopté les standards OCDE en matière d’échange d’informations bancaires sur demande, et «grise» pour ceux ayant rallié ces standards. Le Brésil et la Thaïlande – invitée au sommet de Londres parce qu’elle préside l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) – auraient pour leur part fait savoir au G20 leurs réserves envers les listes dressées par l’OCDE, organisation représentative des pays riches. Deux pays d’Asie du Sud-Est figurent en effet parmi les moutons «noirs» désignés par l’organisation basée à Paris: les Philippines et la Malaisie.
La question des sanctions, elle, reste au centre des débats. «J’attends des sanctions» contre les places financières qui ne coopèrent pas, afin que la pression soit maintenue» a confirmé au Temps le Secrétaire au Trésor britannique Stephen Timms. Et de conclure: «Les paradis fiscaux portent une part de responsabilité dans la crise actuelle: «leur opacité a empêché une juste évaluation de certains actifs financiers.»