L’entreprise Ilford Imaging, à Marly (FR), est au bord de la faillite. Lâchée par son propriétaire britannique, Paradigm Global Partners, elle cherche un repreneur. Le temps presse: en proie à des problèmes de liquidités, la société n’a pas pu verser les salaires de juin à ses 220 employés. Pour l’instant, la société spécialisée dans les technologies de l’image n’est pas en faillite formelle. Elle a informé la justice civile de sa situation d’insolvabilité. Les collaborateurs recevront une indemnité d’insolvabilité de la part de la caisse de chômage.

Paradigm Global Partners ne verse plus un sou: elle coupe ainsi le robinet trois ans à peine après avoir racheté Ilford Imaging Switzerland au groupe japonais Oji. De son côté, la direction du site fribourgeois a entamé des discussions avec d’éventuels autres investisseurs fribourgeois et étrangers. Pour la cheffe des ressources humaines, Susanne Badini, l’entreprise dispose de «chances assez réalistes» car elle a une grande valeur et beaucoup de savoir-faire. «Après, c’est une question de timing», a-t-elle dit à l’ATS. Il faut trouver une solution ces jours.

Ailes brisées

Interrogée sur l’éventualité d’un rachat par les cadres («management buyout») afin de reprendre en main le destin d’Ilford Imaging, Susanne Badini note qu’une telle démarche nécessiterait des moyens importants – probablement trop pour l’équipe en place.

Ancien fleuron de l’industrie à l’époque où la photo argentique était encore la norme, Ilford était célèbre pour ses films et papiers photo haut de gamme. La firme britannique a décliné lors du virage vers la photo numérique. Le site de Marly a dû se réinventer, développer de nouveaux produits et marchés.

Mais, parallèlement, il est passé de mains en mains étrangères au cours de la dernière décennie, et a vu ses effectifs se réduire comme peau de chagrin au fil des ans. Il comptait encore 450 employés – deux fois plus qu’actuellement – en 2004, quand le britannique Doughty Hanson a cédé Ilford à un consortium de banques.

Le syndicat Employés Suisse s’inquiète de l’absence de plan social en cas de licenciements. Il estime qu’il faut mettre l’investisseur britannique face à ses responsabilités morales.

Du côté de l’association des employés d’Ilford, le président Yves Tricot souligne amèrement que ce «cas montre une fois de plus le manque de responsabilité d’un investisseur étranger vis-à-vis d’employés qui ont travaillé dur et de nombreuses années pour essayer de sauver leur entreprise».