Plus généralement, il estime que «si un terrain de jeu pour les centres off-shore est défini, la Suisse pourrait en profiter. Les avantages de la place vont au-delà de la confidentialité.»
Brady Dougan martèle que sa banque a revu son modèle d’affaires. «Nous avons cessé une grande partie du trading pour notre propre compte», rappelle-t-il. Très lucratives, mais aussi très risquées, ces activités symbolisent les excès de Wall Street. «Le cas des obligations convertibles est un bon exemple. C’était une grosse activité; désormais, nous ne la faisons plus que pour nos clients», note Brady Dougan.
«Pendant plusieurs années, l’industrie acceptait cette croyance qu’on ne pouvait faire de l’argent qu’avec le «proprietary trading» ou qu’en investissant son propre capital, poursuit-il. Nous pensons qu’on peut aussi y parvenir en servant bien nos clients; c’est ce que démontrent nos résultats sur les six premiers mois de l’année.» Son établissement a dégagé un rendement sur action de 20%, qu’il qualifie d’un des plus élevés du secteur. Une telle performance «fait de nous une banque plus sûre. Certains disent que c’est trop beau pour être vrai, pourtant c’est le fruit de notre nouveau modèle d’affaires.»
Après être passés de 50’300 en septembre 2008 à quelque 46’700 en juillet dernier, les effectifs sont «stables maintenant» et devraient le rester.
Comment voit-il les activités financières évoluer? «D’une manière générale, nous restons prudents, mais je vois devant nous plus de domaines orientés à la hausse qu’à la baisse.» Le DG de Credit Suisse s’est dit prêt à des acquisitions «tactiques», mais pas de grande envergure. Il mise d’abord sur la «croissance interne».
Sur la question très débattue des bonus, il estime que «les actionnaires, représentés par le conseil d’administration, devraient avoir leur mot à dire sur la structure des rémunérations.» En outre, si un plafond devait être fixé, «il vaudrait mieux que la décision leur revienne, plutôt qu’elle soit prise par les autorités de surveillance.»
Enfin, Brady Dougan tient à souligner l’importance des deux grands établissements pour l’économie helvétique, et les efforts entrepris pour réduire le problème systémique qu’ils représentent. «Le bilan [de Credit Suisse] a été réduit d’un tiers, le risque divisé par deux, notre capitalisation augmentée, notre levier diminué.» «Cependant, les deux grandes banques ne sont pas qu’un facteur de risque. Elles créent aussi beaucoup de valeur pour les entreprises ici. Près d’un crédit commercial en blanc sur deux vient d’elles», a-t-il glissé pour rappeler à ceux qui, comme la Banque nationale, s’alarment de leur trop grande taille.