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Credit Suisse ne s’attend «pas aux mêmes problèmes» qu’UBS aux Etats-Unis

Le directeur général de Credit Suisse, Brady Dougan, dressait ce matin à Lausanne devant la presse romande un large panorama de la situation de sa banque et du secteur financier. Son établissement a «anticipé» les problèmes posés à la gestion de fortune off-shore avec la clientèle américaine.

Cela faisait près d’une année qu’il n’avait pas mis les pieds à Lausanne. Ce mercredi, Brady Dougan offrait un petit déjeuner à la presse romande dans un palace de la capitale vaudoise, pour faire le point. «Il s’est passé tellement de choses en une année», disait en souriant le directeur général de Credit Suisse.

Il fait tourner la fourchette et la cuillère l’une au-dessus de l’autre, mais il s’agit là du seul signe visible de stress. Les soucis aux Etats-Unis de sa grande rivale UBS, qui va livrer plus de 4000 noms de clients qui ont fraudé le fisc américain, ne l’inquiètent pas. «Depuis longtemps aux Etats-Unis, nous menons des activités essentiellement on-shore, et donc pas off-shore de manière importante. Nous n’avons pas changé. Nous avons fait un bon travail en anticipant ce genre de question, et construit un système de conformité dernier cri pour les flux transfrontaliers. Nous ne nous attendons donc pas à ce genre de problèmes. Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour les éviter.»

Plus généralement, il estime que «si un terrain de jeu pour les centres off-shore est défini, la Suisse pourrait en profiter. Les avantages de la place vont au-delà de la confidentialité.»

Brady Dougan martèle que sa banque a revu son modèle d’affaires. «Nous avons cessé une grande partie du trading pour notre propre compte», rappelle-t-il. Très lucratives, mais aussi très risquées, ces activités symbolisent les excès de Wall Street. «Le cas des obligations convertibles est un bon exemple. C’était une grosse activité; désormais, nous ne la faisons plus que pour nos clients», note Brady Dougan.

«Pendant plusieurs années, l’industrie acceptait cette croyance qu’on ne pouvait faire de l’argent qu’avec le «proprietary trading» ou qu’en investissant son propre capital, poursuit-il. Nous pensons qu’on peut aussi y parvenir en servant bien nos clients; c’est ce que démontrent nos résultats sur les six premiers mois de l’année.» Son établissement a dégagé un rendement sur action de 20%, qu’il qualifie d’un des plus élevés du secteur. Une telle performance «fait de nous une banque plus sûre. Certains disent que c’est trop beau pour être vrai, pourtant c’est le fruit de notre nouveau modèle d’affaires.»

Après être passés de 50’300 en septembre 2008 à quelque 46’700 en juillet dernier, les effectifs sont «stables maintenant» et devraient le rester.

Comment voit-il les activités financières évoluer? «D’une manière générale, nous restons prudents, mais je vois devant nous plus de domaines orientés à la hausse qu’à la baisse.» Le DG de Credit Suisse s’est dit prêt à des acquisitions «tactiques», mais pas de grande envergure. Il mise d’abord sur la «croissance interne».

Sur la question très débattue des bonus, il estime que «les actionnaires, représentés par le conseil d’administration, devraient avoir leur mot à dire sur la structure des rémunérations.» En outre, si un plafond devait être fixé, «il vaudrait mieux que la décision leur revienne, plutôt qu’elle soit prise par les autorités de surveillance.»

Enfin, Brady Dougan tient à souligner l’importance des deux grands établissements pour l’économie helvétique, et les efforts entrepris pour réduire le problème systémique qu’ils représentent. «Le bilan [de Credit Suisse] a été réduit d’un tiers, le risque divisé par deux, notre capitalisation augmentée, notre levier diminué.» «Cependant, les deux grandes banques ne sont pas qu’un facteur de risque. Elles créent aussi beaucoup de valeur pour les entreprises ici. Près d’un crédit commercial en blanc sur deux vient d’elles», a-t-il glissé pour rappeler à ceux qui, comme la Banque nationale, s’alarment de leur trop grande taille.