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Credit Suisse, des résultats impressionnants

En pleine crise du crédit, la banque accélère son programme de rachat d'actions.

A la fin juin, la crise du crédit hypothécaire américain n'a guère effleuré Credit Suisse. Pourtant un acteur majeur de la banque d'affaires, le groupe suisse ne se contente pas d'éviter les dégâts. Il impressionne à tous les égards. Même dans la gestion des coûts: le rapport entre coûts et revenus accélère son repli. Au deuxième trimestre, il est tombé à 65,3%, contre 69,4% une année auparavant.

Les services de l'institut sont appréciés des clients puisque l'argent frais afflue. Il représente 10% de l'ensemble des actifs gérés, soit bien plus que l'objectif. Le private banking dépasse ainsi la barre symbolique des 1000 milliards d'actifs sous gestion. Paradoxalement, c'est cette division qui réserve le moins de surprises positives. L'afflux d'argent frais déçoit certains analystes. Et l'engagement de nouveaux conseillers de gestion ralentit. Il était de 40 au deuxième trimestre contre 60 au premier. La direction explique qu'elle n'accepte pas de payer des salaires hors normes. Personne ne le lui reprochera.

Dès lors, face au bouquet de bonnes nouvelles, l'action Credit Suisse bondit en bourse jeudi dans un marché en net repli. La banque présente en effet un bénéfice record. Et c'est la division la plus exposée aux aléas des hypothèques américaines de piètre qualité (le «subprime») et de la finance à effet de levier qui surprend le plus les experts. Ces deux métiers appartiennent au secteur des taux d'intérêt dont les revenus bondissent de 69% au deuxième trimestre.

Car si les affaires liées aux hypothèques marquent le pas, l'expansion se poursuit dans les produits liés aux marchés émergents, aux produits structurés et aux changes. Le bénéfice trimestriel de cette division atteint 2,5 milliards (+94%). Il dépasse ni plus ni moins que de 1 milliard les attentes des analystes et de 1,5 milliard le résultat de la gestion de fortune.

Nul doute que la première présentation de Brady Dougan, nouveau CEO de la banque, est à marquer d'une pierre blanche. Le bénéfice de 3,2 milliards pour le deuxième trimestre constitue un record.

Le programme de rachat d'actions a 18 mois d'avance

Dès lors la rentabilité des fonds propres atteint 29,7%, bien que le groupe regorge de fonds propres. Le cash-flow est si abondant que Credi Suisse accélère son programme de rachat d'actions de 8 milliards lancé en mai. Il a déjà racheté pour 2,5 milliards de ses actions. Il entend en acquérir autant d'ici à la fin de l'année et le programme sera achevé l'an prochain, 18 mois avant l'objectif...

Un journaliste, surpris, a demandé à la direction si pareil résultat est durable. Le successeur d'Oswald Grübel attribue cet exploit à un ensemble de facteurs: des conditions de marché très favorables sur la plupart des métiers, à l'exception des crédits hypothécaires naturellement; des efforts d'efficience et de maîtrise des coûts; les mérites de la stratégie de banque intégrée; la diversification de son portefeuille; et la qualité de la gestion des risques. En somme, le résultat trimestriel s'inscrit sur une tendance à long terme.

La banque refuse de trop anticiper l'avenir à court terme, mais se déclare très optimiste pour l'avenir à long terme. Les commentaires font mal la distinction entre le «subprime», domaine où la banque s'est fortement retirée depuis la fin 2006, et la finance à effet de levier. «La qualité du crédit des entreprises est excellente», selon Paul Colello, chef de la banque d'investissement. Brady Dougan rappelle que la banque achète et revend les risques, mais ne les garde pas. De toute manière, la titrisation d'hypothèques ne pèse que 1% dans les revenus.