Dès lors, face au bouquet de bonnes nouvelles, l'action Credit Suisse bondit en bourse jeudi dans un marché en net repli. La banque présente en effet un bénéfice record. Et c'est la division la plus exposée aux aléas des hypothèques américaines de piètre qualité (le «subprime») et de la finance à effet de levier qui surprend le plus les experts. Ces deux métiers appartiennent au secteur des taux d'intérêt dont les revenus bondissent de 69% au deuxième trimestre.
Car si les affaires liées aux hypothèques marquent le pas, l'expansion se poursuit dans les produits liés aux marchés émergents, aux produits structurés et aux changes. Le bénéfice trimestriel de cette division atteint 2,5 milliards (+94%). Il dépasse ni plus ni moins que de 1 milliard les attentes des analystes et de 1,5 milliard le résultat de la gestion de fortune.
Nul doute que la première présentation de Brady Dougan, nouveau CEO de la banque, est à marquer d'une pierre blanche. Le bénéfice de 3,2 milliards pour le deuxième trimestre constitue un record.
Le programme de rachat d'actions a 18 mois d'avance
Dès lors la rentabilité des fonds propres atteint 29,7%, bien que le groupe regorge de fonds propres. Le cash-flow est si abondant que Credi Suisse accélère son programme de rachat d'actions de 8 milliards lancé en mai. Il a déjà racheté pour 2,5 milliards de ses actions. Il entend en acquérir autant d'ici à la fin de l'année et le programme sera achevé l'an prochain, 18 mois avant l'objectif...
Un journaliste, surpris, a demandé à la direction si pareil résultat est durable. Le successeur d'Oswald Grübel attribue cet exploit à un ensemble de facteurs: des conditions de marché très favorables sur la plupart des métiers, à l'exception des crédits hypothécaires naturellement; des efforts d'efficience et de maîtrise des coûts; les mérites de la stratégie de banque intégrée; la diversification de son portefeuille; et la qualité de la gestion des risques. En somme, le résultat trimestriel s'inscrit sur une tendance à long terme.
La banque refuse de trop anticiper l'avenir à court terme, mais se déclare très optimiste pour l'avenir à long terme. Les commentaires font mal la distinction entre le «subprime», domaine où la banque s'est fortement retirée depuis la fin 2006, et la finance à effet de levier. «La qualité du crédit des entreprises est excellente», selon Paul Colello, chef de la banque d'investissement. Brady Dougan rappelle que la banque achète et revend les risques, mais ne les garde pas. De toute manière, la titrisation d'hypothèques ne pèse que 1% dans les revenus.