Bouleversement à la tête de Credit Suisse. Parmi les 11 membres que compte la direction, en plus du directeur Tidjane Thiam, six sont nouveau dans l'organigramme présenté hier. Plutôt que des remplacements à certains postes, le numéro deux bancaire a opté pour une refonte en profondeur de son organisation. Avec pour conséquence que certaines fonctions gagnent en importance au sein du nouvel organigramme, alors que d'autres ont tout simplement disparues.
Grand perdant de la transformation de l'institut, Hans-Ulrich Meister, qui co-dirigeait depuis 2008 la super unité «Private Banking & Wealth Management», laquelle réunissait à la fois la gestion de fortune, les activités en Suisse et celles pour la clientèle d'entreprise, aux côtés de l'américain Robert Shafir, quitte la direction du groupe en même temps que ce dernier. Pendant un temps pressenti pour succéder à Brady Dougan, le Zurichois qui avait effectué auparavant l'essentiel de sa carrière voit son poste biffer au profit de deux ses anciens subordonnées, tous deux de nationalité suisse.

Lire aussi: «Credit Suisse prévoit de biffer 1600 postes en Suisse sur trois ans»

Deux nouveaux responsables d'unités

A savoir, Thomas Gottstein, qui dirigera la nouvelle unité régionale Banque universelle Suisse, ainsi que Iqbal Kahn, à la tête de la division International Wealth Management. Cette nouvelle entité clé réunira les activités de gestion de fortune en Europe de l'Ouest, centrale et orientale ainsi qu'en Amérique latine et l'Afrique. Le premier est issu de la banque d'affaires au sein de Credit Suisse, alors que le second, qui n'a rejoint le groupe qu'en 2013 comme directeur financier de l'unité Private Banking & Wealth Management, est issu du secteur de la révision.
La nomination d'Iqbal Kahn n'est pas passée inaperçue mercredi : âgé de moins de 40 ans, il était auparavant partenaire chez Ernst & Young où il était en charge du secteur bancaire et du marché des capitaux. Dans cette fonction, il a présenté notamment plusieurs années de suite le Baromètre bancaire d'Ernst & Young. Comme déjà annoncé, Helman Sitohang dirigera, lui, la troisième unité régionale «APAC » portant sur l'Asie-Pacifique.

Période de transition

Surpris par le départ de Hans-Ulrich Meister, un analyste estimait après la conférence de mercredi que le remplacement du Zurichois est finalement une conséquence inévitable de cette réorganisation, relevant qu'«il quitte le groupe en même temps que sa fonction disparaît». Signe que son départ n'est pas bénin pour l'organisation du groupe, Tidjane Thiam a pris soin de souligner mercredi que Hans-Ulrich Meister restera à disposition de la banque durant une phase de transition.
Gaël de Boissard, jusqu'ici co-directeur de la banque d'affaires, quitte aussi la direction.
Parmi les nouveaux venus au sein de celle-ci figurent le Français Pierre-Olivier Bouée (chef opérationnel), également issu de Prudential comme Tidjane Thiam, ainsi que Lara Warner (compliance) et Peter Goerke (ressources humaines, communication).

«Drastique, mais nécessaire »

Pilier du groupe depuis 2010, David Mathers restera, lui, le directeur financier de Credit Suisse.
Globalement, les rocades de personnel annoncées ont été bien perçues par les analystes. «C'est le signal d'un renouveau complet à la tête de la banque. Stratégiquement, c'est le seul moment où Tidjane Thiam pouvait prendre des mesures aussi drastiques, mais nécessaires», a commenté dans une note Laurent Bakhtiari, analyste de marché chez IG.