La criminalité financière a pris de l’ampleur
Fraudes En 2013, les montants en jeu ont augmenté de 66,8%
Moins de crimes, mais des sommes toujours plus conséquentes.
Au total, en 2013, le montant des dommages relatifs à des délits économiques jugés en Suisse a augmenté de deux tiers pour atteindre 830 millions de francs (497 millions en 2012).
En revanche, le nombre de cas (58) est en recul par rapport à 2012 (64). Cela s’explique par la présence de quatre délits pesant chacun plus de 125 millions de francs, souligne le cabinet KPMG dans son baromètre de la criminalité économique publié mardi. Ce dernier s’appuie sur les cas impliquant des dommages «d’au moins 50 000 francs, qui ont été classés par un tribunal pénal suisse et dont la presse écrite suisse a fait état».
Quatre délits hors norme
En avril, un prévenu de nationalité russe avait reconnu avoir blanchi 120 millions de dollars déposés auprès de la banque Bordier à Genève. En avril toujours, à Schwyz, l’ancien propriétaire de la société IPCO Investment a été condamné à 7 ans de prison pour avoir escroqué des clients à hauteur de 125 millions de francs. En mai, la Cour suprême de Zurich a reconnu un ancien directeur de banque coupable d’avoir détourné 150 millions de francs. Enfin, en octobre, les six anciens responsables du géant minier tchèque Mostecka uhelna spolecnost (MUS) ont notamment été reconnus coupables de blanchiment d’argent qualifié. Pour un dommage final de 150 millions de francs.
Sur les 58 cas passés sous revue, une large majorité (52) a été causée par des cadres. Ces derniers «ont souvent plus de possibilités d’escroquerie car ils connaissent en détail les données déterminantes de l’entreprise et peuvent y accéder aisément», explique Anne van Heerden, auteur de l’étude.
Avec 18 cas, le nombre de délits envers les administrations publiques a augmenté de 80%. La motivation des fraudeurs [des hommes, à 82,7%, ndlr] est de «combler des lacunes de financement ainsi que de contribuer à un certain style de vie, comprenant entre autres le jeu et l’acquisition d’articles de luxe», note l’étude.
Tous les cas n’ont pas encore été mis au jour, conclut le cabinet. La crise financière «devrait aggraver la situation» dans les années à venir.