Les bourses européennes se sont enfoncées dans le rouge mercredi matin, secouées par la tourmente politique au Portugal, qui a ravivé des craintes sur un retour en force de la crise en zone euro et fait grimper les taux d’emprunt de la dette des pays les plus fragiles.

Ce regain de tension fait suite à la démission mardi d’un deuxième ministre clé du gouvernement portugais de centre droit, chargé de mettre en œuvre le plan d’aide international accordé au pays il y a deux ans, ce qui a soulevé des doutes sur le respect de Lisbonne de ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. «S’il y a d’autres démissions, cela risque de faire exploser la coalition avec potentiellement des élections générales anticipées», a relevé Patrick Jacq, analyste des marchés obligataires de BNP Paribas.

En première ligne, la bourse de Lisbonne dévissait de 5,90%, entraînant dans sa chute la Bourse de Madrid, en baisse de 2,58% vers 11h30 après avoir plongé de plus de 3%. Paris perdait 1,55%, Francfort 1,62% et Londres 1,59%. La bourse suisse reculait de son côté de 1,35%.

Sur le marché de la dette des Etats, le taux d’emprunt à 10 ans du Portugal s’envolait, passant au-dessus de 8% pour la première fois depuis novembre 2012, alors qu’il avait clôturé à 6,720%. La même tendance à la hausse a été enregistrée pour la Grèce, l’Italie et l’Espagne.

Après la démission du ministre portugais des Finances Vitor Gaspar lundi, le ministre des Affaires étrangères Paulo Portas a lui aussi jeté l’éponge mais le Premier ministre Pedro Passos Coelho a refusé d’accepter sa démission pour tenter de sauver la coalition au pouvoir.

Situation explosive

«Malgré les assurances du Premier ministre Pedro Passos Coelho qui affirme qu’il ne va pas démissionner, le Portugal va voir tomber son gouvernement dans les prochaines 48 heures», redoute Steen Jakobson, économiste de Saxo Bank.

Pour le gouvernement la situation est d’autant plus explosive que la troïka (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du pays doit commencer le 15 juillet une nouvelle mission d’évaluation dont le plat de résistance doit être une réforme de l’Etat destinée à réaliser des économies de 4,7 milliards d’euros (5,8 milliards de francs) d’ici la fin de 2014.

«Nous considérons que la relation entre Lisbonne et la troïka – probablement la meilleure des pays de la périphérie – va devenir délicate», ce qui va entretenir les doutes quant au retour du pays sur le marché, estime Gilles Moec, économiste de Deutsche Bank. Mais pour l’heure, le Portugal n’a pas besoin de se financer sur les marchés, puisqu’il bénéficie des prêts internationaux jusqu’en juin 2014.