C’est l’exercice incontournable et attendu auquel s’adonnent les experts chaque fin d’année. L’aréopage des spécialistes ès conjoncture que compte la Suisse – économistes, banques, instituts ou lobbies –, tente d’analyser quelle pourrait être l’évolution de l’économie pour l’an prochain. Economiesuisse n’a pas dérogé à ce classique du genre. Et, constat principal, l’organisation faîtière de l’économie suisse fait partie des plus pessimistes parmi ses pairs, en ce qui concerne la vitalité de la Suisse. La demande européenne de produits et de services suisses va encore diminuer, le franc fort va continuer de pénaliser les exportations, et la pénurie chronique de main-d’œuvre spécialisée va limiter le développement des entreprises en Suisse, augure l’association dans un communiqué de presse diffusé lundi. Conséquence: «une croissance relativement faible de 0,6% est attendue» pour l’an prochain, selon Rudolf Minsch, chef économiste d’economiesuisse.
Une valeur très basse en comparaison des autres projections déjà disponibles. Ainsi, Credit Suisse prévoit une croissance de 1,5%, l’institut conjoncturel KOF de 1,3%. Pour le Créa, le peu de dynamisme de l’économie helvétique devrait se poursuivre lors des deux premiers trimestres de 2013, mais se renforcer par la suite. De sorte que, sur l’ensemble de l’année prochaine, la croissance du produit intérieur brut (PIB) pourrait s’élever à 1,1%.
La BCZ abaisse ses chiffres
Ces dernières semaines, beaucoup d’économistes ont mis en exergue la perte de vigueur de la conjoncture suisse. Pas plus tard qu’hier, ceux de la Banque cantonale de Zurich (BCZ) ont à leur tour réduit leurs prévisions à +1,0%, contre +1,5% lors de leurs dernières projections. Pour 2014, la BCZ se montre à nouveau plus confiante et maintient ses prévisions de croissance du PIB à 1,5%. Ce qui reste néanmoins en dessous du potentiel, a nuancé la banque.
Economiesuisse a, par ailleurs, souligné des perspectives sectorielles fort inégales. L’industrie horlogère, la pharma et l’aéronautique compteront parmi les gagnantes. La situation sera, en revanche, «nettement plus difficile» pour les industries des machines, des équipements électriques et des métaux, comme pour celles des textiles, du papier et du plastique, de l’industrie agroalimentaire, des banques. Et plus particulièrement encore du tourisme.
Pour economiesuisse, la Banque nationale suisse (BNS) doit poursuivre sa politique d’arrimage du franc avec l’euro. Il s’agit, selon l’organisation faîtière, d’un soutien important aux exportations, «qui ne doit en aucune façon être supprimé dans la situation actuelle». A 1,20, le franc est toujours surévalué d’environ 10% en fonction de la parité du pouvoir d’achat, calcule-t-elle. La stabilité de ce cours plancher procure toutefois aux sociétés une sécurité précieuse en termes de planification.
Ces projections ont été publiées alors que les perspectives continuent de s’améliorer pour l’industrie suisse. L’indice PMI des directeurs d’achats de novembre a progressé de 2,4 points comparé au mois précédent, à 48,5 points. Soit un résultat légèrement mieux qu’attendu et le meilleur depuis une année. Cet indicateur se rapproche ainsi du seuil de croissance de 50 points, ont indiqué lundi, dans un communiqué, Credit Suisse et l’association procure.ch.