Depuis le 15 janvier dernier, date à laquelle la Banque nationale suisse (BNS) a décidé d'abandonner le taux plancher liant le franc et l'euro, la vigueur de la devise helvétique a obligé les entreprises à comprimer leurs coûts et accroître leur productivité, observe vendredi economiesuisse. La réaction s'est révélée ferme et rapide.

Si produire en Suisse est devenu meilleur marché, cela n'a pas empêché les suppressions d'emplois. Rampant, ce processus se manifeste avec un temps de retard et se poursuivra encore, anticipe l'organisation patronale. Alors que l'économie helvétique continuera de s'adapter à la nouvelle donne monétaire, le taux de chômage devrait dès lors s'afficher à 3,7% l'an prochain, contre 3,3% en 2015.

Si le choc monétaire est resté sans conséquences dramatiques, cela tient pour bonne part de l'évolution favorable des principaux marchés des branches exportatrices, a relevé à Zurich, Rudolf Minsch, le chef économiste d'economiesuisse. Cette tendance devrait d'ailleurs se poursuivre ces prochains mois.

Croissance robuste en Allemagne

En Europe, les exportateurs helvétiques peuvent surtout s'appuyer sur la croissance relativement robuste de leur premier client, l'Allemagne ainsi que des pays nordiques. L'an prochain, l'Italie devrait retrouver une évolution conjoncturelle positive. Les plus grands espoirs reposent cependant sur les Etats-Unis.

En revanche, la reprise se fait toujours attendre en France, 3e débouché pour les livraisons helvétiques après l'Allemagne et les Etats-Unis, a noté M. Minsch. Après l'alerte suscitée par le ralentissement en Chine, phénomène qui a affecté nombre de pays émergents d'Asie et par ricochet, les branches exportatrices suisse, la situation s'est quelque peu stabilisée dans l'Empire du Milieu.

Au final, les exportations devraient progresser de 2,3% en 2016, après une faible hausse de 0,8% cette année. La situation s'apparente en quelque sorte à celle du verre à moitié vide ou à moitié plein, a poursuivi M. Minsch. Ce dernier se veut cependant optimiste, malgré les difficultés persistantes liées à la vigueur du franc.

Il n'en reste pas moins que la croissance demeurera l'an prochain inférieure à la moyenne dans toutes les branches exportatrices, à l'exception de l'industrie chimique et pharmaceutique, lesquelles tirent profit de la hausse globale des dépenses de santé. Affichant encore des valeurs supérieures à la moyenne l'an passé, l'horlogerie et la construction ont depuis fléchi.

Risques monétaires

Dans le cadre de son analyse, economiesuisse a retenu pour l'an prochain des cours de 1,09 franc pour un euro et de 1,02 franc pour un dollar. Leur évolution représentera un des défis à relever, une nouvelle appréciation de la monnaie helvétique représentant le risque principal.

Si un cours de 1,08 franc pour un euro environ représente un défi de taille pour les entreprises, la parité engendrerait des problèmes insolubles pour nombre d'entre elles, avertit economiesuisse. Un ralentissement de la conjoncture en Europe pourrait constituer un autre risque baissier.

Au niveau du marché intérieur, qui continuera de bénéficier de l'afflux migratoire, de salaires réels en hausse, du bas niveau des prix et des taux d'intérêts, l'impulsion conjoncturelle viendra des secteurs de la santé et des finances. En revanche, l'accroissement moindre des dépenses des collectivités publiques se fera sentir.

Avec sa prévision de croissance de 1,2% pour 2016, economiesuisse se situe dans la moyenne des anticipations, lesquelles oscillent entre 1,1 et 1,5%. Alors que le Secrétariat d'Etat à l'économie table sur une progression du PIB de 1,5%, les deux grandes banques UBS et Credit Suisse escomptent elles des taux de 1,4 et 1,2%, respectivement.