Le climat d’incertitude pèse sur l’économie
L’économie helvétique a connu une nette baisse de régime entre avril et juin. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel en Suisse a stagné en comparaison des trois premiers mois de 2014. En rythme annuel, il n’a progressé que de 0,6% par rapport à la même période de 2013, le plus faible niveau depuis deux ans.
L’institut BAK Basel ne s’est pas montré complètement surpris des chiffres publiés mardi par le Secrétariat d’Etat à l’économie pour le deuxième trimestre. «Ce qui se dessinait au cours des derniers mois a maintenant été confirmé par les chiffres officiels», a commenté hier l’institut bâlois, jugeant que «les incertitudes ont augmenté au deuxième trimestre». Martin Eichler, chef économiste, refuse de tomber dans le pessimisme. «La reprise de l’économie est plus lente qu’au cours des trimestres précédents. Mais il n’y a pas eu non plus d’inversion de tendance», juge-t-il.
Plus prudent, Raiffeisen a estimé hier qu’une croissance annuelle du PIB suisse supérieure à 2% pour 2014 «n’est plus du tout réaliste». La banque a ainsi révisé à la baisse sa prévision de croissance du PIB helvétique à 1,5% pour l’année en cours.Le consensus se situe près des 2%. Le centre de recherches conjoncturelles KOF a, lui, estimé qu’il est trop tôt pour procéder à un «changement fondamental» de son appréciation pour 2014. Selon l’institut, l’insécurité quant à l’évolution de la situation en Ukraine, tout comme les obstacles aux échanges commerciaux entre la Russie et l’Union européenne «assombriront aussi quelque peu les perspectives en Europe et en Suisse».
Cette annonce d’un ralentissement de la croissance en Suisse intervient alors que plusieurs chiffres mitigés viennent d’être publiés en Europe. Lundi, l’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier a légèrement reculé à 50,7 points (–0,1 point) au mois d’août dans la zone euro. S’y ajoute la baisse de régime de l’économie allemande, dont le PIB s’est contracté de 0,2% au deuxième trimestre. Chez BAK Basel, Martin Eichler relativise ce recul sur un seul trimestre. Néanmoins, la croissance négative affichée par l’Allemagne reflète le climat d’incertitude de ces derniers mois dans plusieurs domaines. «La crise en Ukraine et en Irak. Un secteur financier pas encore entièrement stabilisé, comme l’a montré le cas de Banco Espirito Santo. L’évolution incertaine de certains pays émergents. Tous ces éléments ont eu une influence négative sur l’économie», juge-t-il.
En Suisse, la consommation, les investissements dans les biens d’équipements et les exportations sont restés les piliers de l’économie. La consommation des ménages privée a progressé de 0,2% sur trois mois. La demande a été élevée dans le secteur automobile. Après leur reprise en avril, les ventes de voitures neuves en Suisse ont même atteint en juillet dernier leur meilleur résultat depuis l’an 2000 durant cette période.
Les investissements en biens d’équipement ont aussi crû de 0,7%, tout comme les exportations de biens et services (+ 0,6%). En revanche, les investissements dans la construction ont enregistré une baisse de 0,7% sur trois mois, contrastant avec la progression de 1,9% affichée durant les deux trimestres précédents. Quant à la production, l’industrie, le commerce de gros et les services financiers, qui ensemble représentent 40% du PIB, ils n’ont livré aucune impulsion significative à la croissance, a résumé le Seco.
Une croissance annuelle du PIB suisse supérieure à 2% pour 2014 «n’est plus du tout réaliste»