Jeux vidéo
Le groupe américain se déploie dans le mobile en rachetant l’éditeur du jeu téléchargé par 300 millions de personnes

«A l’exception de Facebook et de Youtube, il n’y a pas de réseau mondial qui ait une audience aussi importante». C’est ainsi que Bobby Kotick, directeur général d’Activision Blizzard, numéro un mondial du jeu vidéo, a expliqué le rachat de King Digital Entertainment.
Le géant américain a annoncé lundi soir son intention de débourser 5,9 milliards de dollars (5,84 milliards de francs) pour racheter l’éditeur de Candy Crush Saga, un jeu sur smartphones qui consiste à aligner trois bonbons identiques pour les faire disparaître et qui se targue de compter 340 millions d’utilisateurs mensuels. Pour Activision, l’intérêt est de profiter de la force de King dans les smartphones pour diffuser ses jeux phares, comme «Call of Duty» ou «Warcraft», surtout vendus pour consoles.
Pour Eric Opara, analyste à Edison Investment Research, cité par la BBC, les deux parties pourront bénéficier de ce rapprochement: Cela permet à Activision d’entrer sur le marché des jeux pour mobile, le segment montrant la plus forte croissance dans ce marché. King pourra lui profiter de l’expertise d’Activision et réduire sa dépendance à Candy Crush, ce dernier représentant encore un tiers de ses revenus.
Activision estime que l’acquisition devrait permettre d’accroître d’un tiers ses bénéfices en 2016. Lundi soir, le groupe californien a publié des résultats trimestriels meilleurs qu’attendu et relevé ses prévisions annuelles. Activision table sur un chiffre d’affaires de 4,53 milliards de dollars et un bénéfice par action de 1,31 dollar.
Fondé en Suède en 2002, King est installé à Londres et coté depuis l’an dernier à la bourse de New York. Il a lancé Candy Crush lancé en 2012 d’abord sur Facebook et smartphones, devenu rapidement populaire, mais peine à proposer un nouveau jeu qui rencontre un tel succès. Il n’est pas le seul. L’éditeur d’Angry Birds, Rovio, dont le succès a été aussi spectaculaire, mais n’a jamais réussi à proposer un autre produit qui atteignent la même popularité. Le groupe a dû licencier une partie de ses effectifs, tout comme l’éditeur de Farmville, Zynga, forcé de se séparer d’un cinquième de ses effectifs. Ces applications sont souvent gratuites, mais proposent des achats en cours d’utilisation pour passer un niveau par exemple.
Trop cher?
Si les analystes voient le sens de la démarche, certains s’interrogent sur son prix. Activision offre une prime de 25% par rapport au prix de clôture de lundi de King (15,54 dollars). Une somme jugée conséquente pour une entreprise dont on ignore encore si le modèle d’affaires est durable. L’action du groupe, qui génère environ 500 millions de chiffre d’affaires par trimestre, est d’ailleurs tombé largement en dessous de son prix d’introduction en bourse, à 22,50 dollars.