On dit que ses fichiers sont téléchargés jusqu’à un million de fois par semaine. On dit qu’il lui arrive de mettre trois films en ligne par jour. On dit qu’il ne serait pas un mais plusieurs. On dit aussi qu’il doit travailler dans l’industrie cinématographique pour obtenir les vidéos si vite. On dit qu’il est Espagnol. On dit qu’il n’est pas Américain mais qu’il est anglophone. On dit qu’il est né en 1972. On dit aussi qu’il est encore adolescent et que la Motion Picture Association of America (MPAA) attend qu’il ait 18 ans pour lui tomber dessus.
AXXo est apparu sur les sites d’échanges «pair à pair» en novembre 2005. Dans ce monde, on trouve de tout. D’où l’importance de la réputation du pourvoyeur, pour ne pas perdre son temps à télécharger des fichiers qui s’avèrent être des copies réalisées au caméscope depuis une salle de cinéma ou la production d’un couple désireux de faire partager ses ébats au reste du monde.
En outre, avec ce type de système de partage, la popularité appelle la popularité. Plus un fichier – ou même un segment de fichier – est téléchargé, plus il y a de sources disponibles et plus il est accessible rapidement. Un test récent a indiqué que 33,5% des films téléchargés à ce moment-là provenaient d’aXXo. Sur Google, sa cote rivalise avec celle des stars. Et sur les sites d’échanges, son nom est plus recherché que celui des super-héros: les Batman et autres Jack Bauer passent, aXXo reste.
Cette adoration a un revers. D’autres se font passer pour lui, pour diffuser des fichiers mais aussi des virus. La MPAA enverrait en outre des espions hanter les sites. C’est, selon ses dires, à cause de leur harcèlement qu’aXXo a disparu, le 11 novembre 2007. Plus un fichier, plus un signe de vie. La communauté spéculait déjà sur son arrestation. Et puis, le 9 mars 2008, le retour: il met en ligne le film I am a Legend.
De quoi soulager ses adorateurs mais aussi agacer ceux qui le trouvent trop arrogant. Parce qu’aXXo a aussi des détracteurs qui disent qu’il ne fait que récupérer les fichiers diffusés par «la scène», l’élite underground de la piraterie. Celle qui procéderait au pillage initial puis mettrait son butin en ligne sur des sites très confidentiels et difficiles d’accès, avant de le répandre sur les plateformes grand public. La piraterie est une méritocratie, où l’on peut voler les puissants mais pas la gloire qui revient à l’un de ses pairs.