Comment les «Big Five» de la tech accroissent leur puissance
Technologie
En l'espace d'une semaine, à la lumière de leurs résultats annuels, les géants américains de la technologie ont étalé leur santé financière éclatante. Google, Amazon, Apple, Facebook ou encore Microsoft accroissent leur puissance en accélérant leur diversification

On les surnomme les GAFAM, les «Big Five» ou encore «The Five». Peu importe l’appellation. En l’espace d’une semaine, les géants américains de la technologie que sont Microsoft, Apple, Amazon, Facebook et Google (Alphabet) ont fait étalage de leur puissance. Financière, d’abord, avec la publication de leurs résultats annuels en progression. Stratégique, aussi, avec une diversification accélérée vers de nouveaux marchés. Fortes de réserves de cash qui s’élèvent en dizaines, voire même en centaines de milliards de dollars, ces multinationales américaines n'ont pas à rougir face à leurs challengers asiatiques que sont Alibaba, Tencent ou Samsung.
D’abord, des chiffres. En trois mois, Apple a accumulé 8,5 milliards de dollars de réserves supplémentaires, pour en totaliser désormais 246 milliards. Porté par des résultats en hausse, Microsoft a brièvement dépassé les 500 milliards de dollars de capitalisation boursière le 27 janvier, une première depuis 17 ans. Amazon, longtemps critiqué pour ses investissements jugés trop importants, a affiché un bénéfice de 4,2 milliards de dollars en 2016. Et Facebook, fin 2016, affichait une marge opérationnelle de… 52%.
«Comme des Pac-Man»
A première vue, Apple a peu de points communs avec Amazon. C’est une erreur. Ces multinationales se développent toutes à partir de la puissance de leurs logiciels. «Le logiciel mange le monde», écrivait Marc Andreessen en 2011. Cette affirmation est plus vraie que jamais. «L’écrasante majorité des smartphones utilise un système conçu par Google ou Apple. Un autre domine les réseaux sociaux. Un autre la recherche sur Internet. Et trois – Amazon, Alphabet et Microsoft – dominent le «cloud computing», soit l’infrastructure sur laquelle les logiciels de demain vont tourner», écrivait récemment sur le site spécialisé Quartz le développeur Jon Evans.
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Ces cinq groupes américains occupent les premières places mondiales en termes de valorisation boursière. «Ces sociétés vont devenir encore plus grosses et plus centrales dans nos vies, estimait récemment Om Malik, fondateur de la société de blogs GigaOm. Le fait que les «Big Five» soient autant valorisés par les investisseurs est le reflet de leurs chiffres d’affaires records, leur potentiel de profitabilité et le fait qu’ils gobent des parts de marché comme des Pac-Man. C’est aussi le signe que des évolutions vers la technologie rendront ces sociétés plus importantes encore.»
Difficile, avec des géants aussi bien placés, pour des concurrents d’émerger. «Les énormes réserves de cash de ces grands groupes constituent une belle garantie de pérennité, qui leur permet de faire face à d’éventuels problèmes juridiques, d’investir ou de se diversifier, voire de racheter des concurrents ou des groupes qui offrent des services ou des technologies complémentaires», affirme Daniel Pellet, analyste chez Bordier. Prenons l’exemple de Google, qui ne voit aucun concurrent crédible apparaître. «Les moteurs de recherche indépendants ont peu de chance de se développer, poursuit l’analyste. Seuls certains pays, tels la Chine ou la Russie, développent des portails Internet propres dans un but évident de contrôle de leur population. Il me paraît difficile de vouloir lutter contre des géants comme Google.»
Des plate-formes centrales
Om Malik souligne une autre force des «Big Five»: les gigantesques plates-formes qu’ils ont créées leur rapportent des revenus considérables et récurrents. Grâce à ses dizaines de centres de données, Amazon loue tant de l’espace de stockage virtuel qu’une plateforme commerciale pour la vente de produits en ligne. «Facebook a rendu accro les sociétés de média à du trafic bon marché, puis a changé son algorithme de news. Maintenant, ces sociétés doivent payer pour promouvoir leurs articles pour continuer à avoir du trafic», continue Om Malik. Même Apple, qui «ne se diversifie pas beaucoup», selon Daniel Pellet, s’en sort: «Ce modèle fonctionne sur son écosystème et son effet de halo: un acheteur d'iPhone ne se contente en général pas d’un seul appareil», estime l’analyste. De plus, les clients d'Apple sont friands de services annexes tels que la musique, le stockage de données en ligne ou les vidéos à le demande.
Des réserves de cash «assurance tout risque», des plateformes solides… Mais aussi une diversification tous azimuts, en grande partie basée sur l’intelligence artificielle nourrie des masses de données récoltées jour après jour. Presque tous les géants s’intéressent à la voiture autonome et aux assistants personnels, présents dans les smartphones (Apple avec Siri, Google avec Allo), les ordinateurs (Microsoft et son système Cortana) ou le salon (Amazon et son service Alexa). «Et pour Facebook, la réalité virtuelle via Oculus et l’intelligence artificielle sont des pistes à suivre sur le long terme, complète Daniel Pellet. Mais Alphabet est aussi présent dans ces secteurs, avec des moyens financiers conséquents.»
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