Télévision
Le groupe français ne se contente pas d’enrichir son catalogue, notamment via HBO. Il se mue en distributeur de chaînes, comme il l’a récemment montré avec Salt

Canal+ représente, pour de nombreux téléspectateurs, une poignée de chaînes de télévision pour le prix de 49 francs par mois. Mais ce bouquet a vécu. Et depuis plusieurs mois, le groupe français s’active en Suisse non seulement pour diversifier son offre, mais aussi pour changer de métier. Au point de devenir lui-même le distributeur d’autres chaînes, dont plusieurs de la… RTS.
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Rencontré récemment à Lausanne, Brice Daumin, responsable de Canal+ pour la Suisse, détaille la stratégie de sa société, qui parraine par ailleurs des vidéos du Temps sur le cinéma et les séries. «A la base, nous sommes en effet un créateur de chaînes, que les téléspectateurs connaissent via leur code couleur: bleu pour le cinéma, vert pour le sport ou encore rouge pour les séries… Nous avons considérablement développé ce métier, pour compter aujourd’hui un bouquet de 22 chaînes disponibles en Suisse: ce sont notamment les chaînes Canal+, Ciné+, Planète+, Teletoon+, Golf+, Piwi+, etc.»
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Accès à HBO
Par ailleurs, depuis fin mars, quatre chaînes d’OCS sont venues renforcer l’offre de Canal+, ainsi que la chaîne Disney Cinema. «Pour nos clients, cet ajout est très important, poursuit Brice Daumin. Avec OCS, nous donnons accès à l’ensemble du catalogue de cinéma et de séries à succès de HBO, dont Big Little Lies, Chernobyl, Westworld, True Detective, et bien sûr Game of Thrones.» Une manière, pour Canal+, de se renforcer par rapport à la concurrence grandissante de Netflix. «C’est un acteur incontournable et un concurrent direct, reconnaît le directeur. Mais avec l’extension récente de notre offre, le contenu de HBO et la possibilité pour nos clients de voir de nombreux films et séries à la demande, disponibles pendant de longues périodes et quand on le souhaite grâce à notre application MyCanal, nous proposons un contenu très attractif.»
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Mais Canal+, qui compte 16 millions de clients dans le monde et ambitionne 100 000 abonnements d’ici à la fin de l’année en Suisse, vise plus loin. «Il y a dix-huit mois, nous avons amorcé un virage important pour la société en nous muant aussi en distributeur, détaille Brice Daumin. C’est un métier totalement nouveau pour nous en Suisse, et nous avons estimé qu’avec notre réseau, nos contacts et surtout notre expertise en matière de télévision, nous pouvions faire plus.» Canal+ ne se contente ainsi plus de construire des chaînes avec du contenu sélectionné, il propose, en Suisse, 140 chaînes de télévision majoritairement francophones, dont L’Equipe, RTS 1 et 2, TF1, AB1, CNN, Animaux, TV5 Monde ou encore Eurosport 1, Eurosport 2 et Eurosport 360.
Collaboration avec Salt
Pourquoi cette nouvelle stratégie? «Le marché de la télévision a énormément évolué ces derniers mois, avec l’arrivée de nombreux nouveaux acteurs, explique le directeur. De plus en plus de sociétés veulent proposer des chaînes de télévision: nous leur proposons de travailler avec nous.» C’est ainsi le cas de Salt, qui lançait son offre de télévision, sur fibre optique, il y a un an. L’opérateur basé à Renens fonde depuis douze mois son offre de télévision francophone sur celle fournie par Canal+. «Nous ambitionnons de travailler avec d’autres acteurs en Suisse, par exemple des opérateurs télécoms, s’avance Brice Daumin. Nous savons qu’il n’est pas facile, pour eux, de gagner de l’argent avec leur offre de télévision. En choisissant de renforcer nos partenariats, nous pouvons faire mieux conjointement et en dégageant des économies.» Canal+ ne donne aucun chiffre concernant le prix de ses offres.
En parallèle, les téléspectateurs peuvent donc s’abonner à des chaînes de Canal+ en demeurant clients de Sunrise, Swisscom, UPC ou d’autres téléréseaux. Trois bouquets de base sont proposés, allant de 19 à 39 francs par mois. Une sélection de 90 chaînes est aussi disponible de manière numérique (via MyCanal disponible sur tablette, smartphone, TV Android et aussi Apple TV) pour 10 francs par mois sans engagement. Par contre, Canal+ ne propose pas de véritable service de vidéo à la demande. «C’est parce que nous n’en avons pas besoin, sourit Brice Daumin. L’ensemble des films et séries que nous montrons sur nos chaînes sont disponibles en visionnement à l’unité plusieurs semaines, voire plusieurs mois après leur diffusion. Et cela sans aucun surcoût, c’est inclus dans nos abonnements.»