Le certificat covid se précise, mais attention aux zones d’ombre
Technologie
Dès lundi, les premiers certificats seront délivrés en Suisse, sous les formes d’une application et d’une feuille de papier. Vendredi, le Conseil fédéral a précisé les critères pour y avoir accès. Mais plusieurs zones d’ombre demeurent

Des critères sanitaires précis, des échéances claires, des précisions techniques approfondies. Vendredi, le Conseil fédéral a dessiné les contours d’un certificat covid qui commencera à être disponible dès ce lundi 7 juin. On en sait désormais beaucoup plus sur ce document gratuit, numérique et papier, destiné surtout à préparer les vacances en Europe. Mais on ne sait de loin pas tout. De nombreux détails pratiques font encore défaut, et pourraient poser problème ces prochains jours lorsqu’il s’agira de délivrer concrètement les certificats.
Qui aura droit au certificat?
Les personnes vaccinées, guéries, ou testées négatives. S’agissant des premières, un certificat sera valable 180 jours. Ils débutent le jour de l’administration de la seconde dose pour la vaccination avec deux doses d’un vaccin à ARNm autorisé en Suisse. Pour les personnes ayant été infectées par le virus de manière attestée, ces 180 jours débutent le jour de l’administration de la dose unique.
Pour les personnes qui ont été malades du virus, la période de validité commence le 11e jour après que l’infection a été prouvée par le résultat positif d’une analyse de biologie moléculaire. La durée de validité du certificat est là aussi de 180 jours. Enfin, un test PCR négatif permettra d’avoir un certificat valable 72 heures, un test rapide antigénique négatif 24 heures. Aucune sérologie et aucun autotest ne seront reconnus.
Il est possible que les durées de 180 jours soient étendues en fonction des nouvelles informations scientifiques disponibles, ont glissé vendredi les spécialistes de l’Office fédéral de l’informatique et de la télécommunication (OFIT), chargé de superviser le projet.
Quelle forme aura le certificat?
Il y aura une feuille de papier munie d’un code QR – on n’en sait pas plus pour le moment. Et deux applications gratuites pour téléphones (mais on ne sait pas quels smartphones seront compatibles), tant pour le système iOS d’Apple que celui de Google, Android. Celle de la personne possédant un certificat s’appellera «COVID Certificate». Celle permettant de contrôler ces certificats se nommera «COVID Certificate Check» (tout un chacun pourra se muer en vérificateur). La personne qui l’utilisera verra les informations suivantes sur la personne qui présentera le certificat: son nom, son prénom, sa date de naissance et la validité du certificat. Mais le vérificateur ne saura pas si le titulaire du certificat a été testé, vacciné ou est guéri. Les applications devraient être mises à disposition dès la semaine prochaine.
Attention: il semble que les détenteurs du certificat numérique soient avantagés par rapport à la version papier, car ils verront sur leur téléphone si la durée de leur certificat a été prolongée. Sur papier, cette information ne sera logiquement pas disponible.
Comment obtenir le certificat?
C’est la question centrale. Lors d’un test ou d’une vaccination, les personnes pourront obtenir immédiatement le certificat, sous forme papier ou numérique. La Confédération ne s’en occupera pas. Elle charge les cantons de définir quelles institutions de santé peuvent établir des certificats. A eux de désigner des spécialistes (dans les centres de vaccination, les centres de test, les hôpitaux, les cabinets médicaux, les pharmacies, etc.) comme émetteurs des certificats.
Et qu’en est-il du 1,9 million de Suisses ayant déjà été totalement vaccinés? Les experts de l’OFIT n’ont pas été précis. Lors de la conférence de presse, ils ont glissé que les personnes vaccinées seront contactées par les autorités sanitaires par le même canal employé pour s’inscrire à la vaccination. Par e-mail, si leur canton (ils sont vingt) utilise le système OneDoc. Ou alors par SMS, avec un lien permettant de télécharger le certificat.
Mais plus tard, l’OFIT a affirmé que les cantons délivreront les certificats sur demande et qu’ils devront communiquer à ce sujet… L’avenir le dira. Quant aux personnes guéries, elles devraient pouvoir commander un certificat via un site web que devra mettre en place leur canton.
Quel est le calendrier prévu?
Les premiers certificats seront émis dès lundi. D’abord a priori à Berne, choisi comme canton pilote par l’OFIT. Puis rapidement pour les Valaisans et les Tessinois, où débuteront plus tôt les vacances d’été. La Confédération veut que tout un chacun ait accès au certificat d’ici à fin juin.
Le canton d’Argovie, notamment, avait craint de ne pas être en mesure de satisfaire tout le monde à temps. Vendredi, Ueli Maurer, conseiller fédéral dont le département comprend l’OFIT, a assuré que tout allait bien se passer.
Le certificat sera-t-il reconnu en Europe?
Oui, a martelé Ueli Maurer: «Il n’y a aucune dimension politique derrière le certificat, le nôtre sera reconnu par l’Union européenne, comme elle reconnaît nos cartes d’identité.» La décision, vendredi, par la France de ne plus demander de test PCR pour les étrangers vaccinés va dans le sens d’Ueli Maurer. D’autres pays européens devraient rapidement suivre la France, et le certificat européen entrera en vigueur le 1er juillet. Mais attention tout de même: chaque pays européen sera souverain pour décider des critères d’entrée sur son territoire. Ainsi, un test antigénique réalisé en Suisse ne sera pas forcément reconnu ailleurs.
Quelle sera l’utilité du certificat en Suisse?
Motus et bouche cousue: l’ordonnance entrant en vigueur le 7 juin n’en parle pas. Ueli Maurer a refusé de l’évoquer vendredi. Ce qui laisse à penser que son utilisation sera sans doute faible en Suisse. Les discothèques, certains très grands événements et quelques restaurants l’exigeront dès juillet – afin notamment de ne plus imposer le port du masque. Mais ils ne seront pas nombreux.
Quel sera le niveau de sécurité?
«Arrêtez de dire que la Confédération multiplie les échecs informatiques, nous possédons les meilleurs experts du secteur», a lancé, agacé, Ueli Maurer, qui a assuré un niveau de sécurité très élevé. Le code source du système est auditable par tous depuis cette semaine.
La Confédération travaille-t-elle seule?
Non, l’OFIT sous-traite beaucoup, mais sans avoir fait d’appel d’offres, «par manque de temps». Ainsi, les entreprises suisses Health Info Net (HIN), Ubique (qui avait conçu l’app SwissCovid) et TI&M développent chacune une partie du système derrière le certificat.
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