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Le chien robot futuriste Spot déjà testé sur les voies CFF

Un sous-traitant des CFF utilise les robots de Boston Dynamics pour inspecter les voies. Depuis Sierre, bureaux d’ingénieurs et entreprises actives dans la sécurité veulent aussi éprouver la machine

L’équipe de la société Workshop 4.0, dont le directeur Nicolas Fontaine (deuxième depuis la gauche), entourant le robot Spot appartenant à Boston Dynamics. — © Sedrik Nemeth pour le Temps
L’équipe de la société Workshop 4.0, dont le directeur Nicolas Fontaine (deuxième depuis la gauche), entourant le robot Spot appartenant à Boston Dynamics. — © Sedrik Nemeth pour le Temps

Le rondin roule entre les pattes du chien robot. Mais, avec agilité, la machine l’évite sans le toucher. Un peu plus tard, un homme le pousse sans ménagement. Le chien robot encaisse sans broncher et se replace rapidement face à son maître, équipé d’une grande télécommande. Ce robot, c’est Spot, vu des dizaines de millions de fois sur des vidéos YouTube.

La machine créée par l’entreprise américaine Boston Dynamics est depuis quelques jours en test auprès de l’entreprise Workshop 4.0, basée à Sierre. «Un joli coup de com» pour sa start-up, admet son responsable Nicolas Fontaine, qui profite, grâce à ce quadrupède mécanique, d’une exposition médiatique inédite pour sa société. Mais c’est surtout l’occasion de mesurer l’intérêt d’entreprises suisses pour Spot en Suisse, car on découvre que le robot est notamment testé par un sous-traitant des CFF – et c’est ce sous-traitant qui a prêté la machine à Workshop 4.0.

Mesurant 110 cm de longueur, 65 cm de hauteur et capable de marcher à 5,8 km/h, Spot est en vente depuis quelques mois au prix de 75 000 dollars l’unité pour sa version de base. Boston Dynamics en aurait vendu plusieurs centaines, selon Bloomberg, avant tout à des bureaux d’ingénieurs, à des exploitants de sites industriels et à des entreprises de sécurité. Bardé de capteurs, de caméras et de radars, Spot est avant tout destiné à des missions d’inspection. Et c’est déjà le cas en Suisse. «Nous avons appris il y a quelques mois que la société Rhomberg Sersa testait Spot en Suisse. Nous leur avons demandé s’ils pouvaient nous prêter la machine pour des tests, et ils ont accepté», raconte Nicolas Fontaine.

Inspection des voies CFF

Rhomberg Sersa, basée en Suisse et en Autriche, est l’un des principaux sous-traitants des CFF pour la construction des voies et leur électrification. «Nous avons testé ces dernières semaines deux robots Spot, sur des sites appartenant aux CFF, mais aussi en Autriche. Nous voulons savoir si ces machines peuvent nous aider pour inspecter des tronçons de voies. L’une d’elles a modélisé en trois dimensions un tunnel, ce qui peut nous être utile pour la numérisation des ouvrages ferroviaires», détaille au Temps un porte-parole de Rhomberg Sersa. Cette dernière, qui pourrait ensuite acquérir un ou plusieurs robots, a notamment équipé l'un d'eux avec une puce 5G en collaboration avec Swisscom. Les images prises avec les caméras des machines ont été analysées avec un système de reconnaissance de photos de Microsoft.

Selon Nicolas Fontaine, l’intérêt pour les robots Spot est important: «Nous avons été contactés par des bureaux d’ingénieurs, par des services cantonaux des routes et par des entreprises ferroviaires locales: toutes veulent tester cette machine pour voir si elle est capable de faire des travaux de mesure et d’inspection actuellement réalisés par des humains.» La machine a aussi suscité l’intérêt de sociétés suisses actives dans la sécurité, poursuit le responsable de Workshop 4.0. Son entreprise, active dans le transfert de technologie, compte aider des entreprises à adopter Spot pour leurs activités. Nicolas Fontaine estime être quasiment certain d’acquérir une de ces machines, dotée de fonctions supplémentaires – son prix pourrait s’élever à plus de 120 000 francs.

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Concurrence helvétique

Selon Workshop 4.0, Spot (rebaptisé Tschoupi à Sierre) dépasse les promesses du catalogue: il semble capable de porter une charge allant jusqu’à 20 kilos, son autonomie est d’une heure trente et il peut gravir des pentes allant jusqu’à 45 degrés. «Et même un enfant de 6 ans est parvenu à le piloter dimanche», complète Nicolas Fontaine. Mais ces qualités n’en font pas forcément un succès commercial. Fondé en 1992, Boston Dynamics n’a cessé de perdre de l’argent – environ 150 millions de dollars par an – et a été successivement possédé par Google, SoftBank puis enfin Hyundai depuis fin 2020.

Difficile pour ces propriétaires de créer jusqu’à présent une activité profitable avec ces robots futuristes – Boston Dynamics en développe une dizaine. D’autant que la concurrence existe, aussi en Suisse. La société zurichoise ANYBotics, spin-off de l’EPFZ et soutenue notamment par Swisscom, a développé une machine (ANYmal) ressemblant fortement à Spot. Contacté, un responsable de l'entreprise suisse affirme que ses machines possèdent des caractéristiques uniques, comme «de la puissance de calcul intégrée au robot, des logiciels d'analyse spécialisés, une station d'accueil et des certifications de niveau industriel (résistant à l'eau, à la poussière et aux explosions». Selon le responsable, «la prochaine génération et la version commerciale d'ANYmal seront lancées plus tard cette année».

ANYBotics, qui a levé 20 millions de francs en décembre, présentait l'automne dernier un premier test effectué avec le groupe de construction Losinger Marazzi pour l’inspection de chantiers.