Officiellement, il ne se passe rien. «Tencent n’a actuellement pas le projet de s’implanter en Suisse», relèvent les services de communication de la multinationale, à l’issue d’échanges nourris avec Le Temps. Mais des acteurs romands proches du dossier affirment au contraire que les chances de voir l’un des leaders asiatiques du numérique ouvrir une antenne helvétique sont proches de 80%. Mieux: une annonce formelle aurait été prévue à partir du second semestre de cette année. Explications.

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Thomas Bohn, directeur du Greater Geneva Bern area (GGBA), organe de promotion économique financé par les cantons de Vaud, du Valais, de Neuchâtel, de Fribourg, de Berne et de Genève, avait annoncé dans nos colonnes en février dernier la venue imminente d’un «Google de demain» en Suisse occidentale. «Tencent avait prévu d’ouvrir un petit bureau dans la région en 2015, avant de repousser cette échéance. Les discussions avec le GGBa durent depuis plusieurs années déjà», témoigne une source bien informée.

Officine de reconnaissance

L’antenne envisagée aurait été dédiée notamment à la prospection d’opportunités d’achat de sociétés tierces en Europe. «Il était question d’une structure discrète de quatre à six personnes, à l’image de ce que Fosun a mis en place à Zürich l’an dernier [ndlr: le bureau du conglomérat chinois s’est depuis séparé de l’essentiel de ses effectifs, nous précise-t-on]. L’important était que l’entité se situe dans la partie francophone du pays, car le numéro deux de la multinationale maîtrise le français», explique un professionnel proche du dossier.

Berne se serait longtemps battu pour décrocher le mandat. Mais, selon nos informations, ce sont les atouts de Genève qui l’auraient emporté. Interpellés, les services de promotion du bout du lac ne «commentent pas l’information en l’état». Est-ce parce que rien n’est encore joué? «Je ne peux pas confirmer l’arrivée de Tencent. En revanche, je peux confirmer que nous connaissons très bien la société et pensons que la région du GGBa sera un environnement idéal pour son expansion en Europe, le moment venu», souligne Thomas Bohn.

Champion asiatique

Tencent est déjà familière de la Suisse, où elle a racheté l’an passé 60% de la start-up neuchâteloise Miniclip. Le groupe basé à Shenzen est à l’origine du service de messagerie instantanée QQ, soit l’un des plus importants portails web en Chine, ainsi que de l’application de messagerie instantanée WeChat. Ce champion des réseaux sociaux, du commerce électronique et des jeux en ligne multijoueurs est valorisé à plus de 200 milliards de dollars.