Ecosystème numérique
La première plateforme transfrontalière visant à promouvoir les technologies de chaînes de blocs a ouvert un bureau au bout du Léman. Elle table sur des synergies avec les organisations internationales présentes dans le canton

La Genève internationale vient d’ajouter une nouvelle dimension à son écosystème: la blockchain, ou chaîne de blocs. Le Conseil mondial des entreprises (GBBC, pour Global Blockchain Business Council) adossées à cette technologie a en effet pris ses quartiers au bout du Léman. L’annonce officielle date du 18 octobre dernier.
Lire aussi: Genève veut devenir une cybercapitale mondiale
«Alors que les chaînes de blocs sont amenées à révolutionner le monde de l’intermédiation, l’arrivée de cette plateforme à Genève est une excellente nouvelle. Cela démontre une nouvelle fois l’attrait de notre canton pour des collaborations innovantes dans un domaine aux applications transversales», se félicite Pierre Maudet. Et le ministre genevois en charge de l’Economie et de la Sécurité, qui avait rencontré des responsables du GBBC à Zurich quelques semaines plus tôt, via Digitalswitzerland, une initiative visant à préparer la Suisse au «tsunami numérique» et dont le canton est membre, d’ajouter: «La présence des institutions internationales, qu’elles soient privées ou publiques, notre capacité de rassembler toutes les parties prenantes en vue d’obtenir des consensus, sont des éléments clés qui font la richesse de Genève.»
Un vaste réseau constellé de «nœuds»
Techniquement, la blockchain se présente comme un vaste réseau constellé de «nœuds», formés par des serveurs, lesquels sont autant de participants volontaires au système. Ce réseau constitue une base de données décentralisée: toutes les transactions y sont enregistrées, accessibles au public et se veulent immuables. Pour la monnaie virtuelle bitcoin, un tel registre d’informations joue un rôle semblable à celui d’Internet pour les e-mails, avec les mêmes atouts: la rapidité, la simplicité et la gratuité.
Déjà une capitale numérique
La décision du GBBC de s’ancrer à Genève s’inscrit dans un contexte particulier. Le canton avait lancé une semaine plus tôt les Geneva Digital Talks (GDT), une démarche censée offrir aux gouvernements, aux institutions académiques, aux acteurs privés et aux représentants de la société civile une plateforme de discussion pour les questions liées aux politiques numériques. Objectif: promouvoir la Cité de Calvin en tant que centre mondial de gouvernance d’Internet, en particulier en matière de sécurité informatique.
Genève, qui abrite le CERN, l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’Internet Society et l’Icann (organe d’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet) fait déjà office de hub international en la matière. Elle se voit aujourd’hui propulser à l’avant-poste des discussions relatives aux chaînes de blocs.
Le GBBC rassemble à ce stade plus d’une trentaine de multinationales et leurs dirigeants. Sa mission: promouvoir la blockchain et faire en sorte que cette technologie soit adoptée à l’échelle mondiale. L’administration genevoise a déjà introduit cette innovation en son sein, pour améliorer la compétitivité de son tissu économique et soutenir l’entrepreneuriat.
Mieux cadrer l’essor des dernières technologies
Le GBBC, fondé en janvier dernier lors du Forum de Davos par le groupe Bitfury – actif notamment dans les cryptomonnaies – et le cabinet d’avocats international Covington, prévoit d’utiliser la Genève internationale comme levier, en travaillant notamment avec le Forum économique mondial (WEF), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ou encore l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Nous sommes fiers de rejoindre cette communauté, dont l’histoire en tant que lieu où les gens se réunissent pour parvenir à un consensus n’est plus à prouver», résumait le mois passé Tomicah Tillemann, président du GBBC.
Selon le dernier rapport mondial sur les fintechs 2017 de PwC, publié en mai dernier, les start-up du secteur des technologies financières ont bénéficié d’un total de 40 milliards de dollars d’investissement ces quatre dernières années. A eux seuls, les financements dans les entreprises de blockchain ont augmenté de 79% en 2016 par rapport à 2015, pour atteindre 450 millions de dollars dans le monde. L’étude du cabinet d’audit et de conseil estime que la majorité des banques et des compagnies d’assurance suisses adopteront des applications fonctionnant avec les chaînes de blocs dans un avenir proche.