L’Allemagne par exemple, poursuit le quotidien de Washington, a demandé des informations sur 2068 comptes Facebook depuis le début de l’année, la France à propos de 1598 comptes et la Grande-Bretagne au sujet de 2338 comptes. L’Inde n’est pas en reste. New Delhi a exigé des données sur 4144 comptes Facebook. Microsoft, Google et Twitter ont fait l’objet des mêmes requêtes de la part de pays à travers la planète. Microsoft a ainsi été sollicitée par les Américains, les Français, les Britanniques, les Turcs et les Allemands pour fournir des informations sur respectivement 24 565 comptes, 17 973 comptes, 14 301 comptes, 14 077 comptes et 13 226 comptes.
Quant à Google, elle a fourni des données à la suite de 21 389 demandes issues de 31 pays (dont l’Allemagne, la France et la Russie) lors du second semestre de 2012. Twitter dit avoir reçu 1700 requêtes en provenance de 36 pays au cours des six premiers mois de 2013. Selon un spécialiste juridique de la surveillance cité par le Washington Post, Stewart Baker, les Etats-Unis et le Japon imposent des limites beaucoup plus sévères à la transmission de données privées par ces sociétés internet sans une vraie procédure juridique. En Europe, on n’est pas moins sourcilleux. Stewart Baker cite d’ailleurs une étude de 2003 de l’Institut Max Planck en Allemagne. Selon des chercheurs de cet institut, «un Italien ou un Néerlandais a au moins 100 fois plus de chances de faire l’objet d’écoutes décrétées par son gouvernement qu’un Américain».
Stewart Baker ajoute que les Européens en savent en réalité beaucoup plus sur les programmes de renseignement américains que sur leurs propres programmes. «Il est donc facile pour les politiques européens de persuader leurs opinions publiques que les Etats-Unis sont plus intrusifs… En réalité, l’inverse est vrai.» Le ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a ainsi mis en garde ceux qui auraient peur de voir leurs communications interceptées: «Arrêtez d’utiliser des services qui passent par des serveurs américains.» De telles craintes, estiment certaines études, pourraient coûter à l’industrie du cloud ou de l’hébergement aux Etats-Unis entre 22 et 35 milliards de dollars au cours des trois prochaines années.