Lundi, réagissant à un article du New York Times, Facebook avait confirmé l’existence de ce type d’accord avec nombre de fabricants mais sans citer de groupes chinois. Facebook disait aussi avoir toujours veillé à ce que l’accès aux données ne se fasse pas sans l’accord des utilisateurs, ne pas avoir connaissance d’usage frauduleux de ces données et avoir commencé à mettre fin à ces contrats.
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Mais mardi, après un nouvel article du New York Times, Facebook a reconnu que des groupes chinois faisaient partie de ces fabricants, tout en précisant que le contrat avec Huawei serait rompu dans les prochains jours.
La colère de Mark Warner
«Huawei est le troisième plus grand fabricant d’appareils mobiles dans le monde et ses appareils sont utilisés partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Facebook, comme d’autres entreprises technologiques américaines, a travaillé avec lui, et d’autres fabricants chinois, pour rendre compatible [Facebook] avec leurs téléphones», a indiqué par e-mail à l’AFP Francisco Varela, chargé des partenariats mobiles au sein de l’entreprise dirigée par Mark Zuckerberg.
«Compte tenu de l’intérêt de la part du Congrès, nous voulions préciser clairement que toutes les informations» permettant de rendre Facebook compatible avec les téléphones Huawei «étaient stockées dans l’appareil et non les serveurs de Huawei», a encore dit Francisco Varela.
Mais ces révélations ont déclenché la colère de Mark Warner, vice-président de la commission sénatoriale sur le renseignement, qui, comme d’autres parlementaires américains, juge que Huawei est une menace pour la sécurité nationale.
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«Que Facebook ait laissé des fabricants d’appareils comme Huawei et TCL accéder à ses interfaces soulève des inquiétudes légitimes et j’ai hâte de savoir comment Facebook s’est assuré que les informations sur ses usagers n’étaient pas arrivées jusqu’à des serveurs chinois», a réagi le sénateur démocrate dans un communiqué. Selon lui, les «relations étroites» entre le pouvoir chinois et Huawei sont connues «depuis 2012». Le groupe a toujours nié avec vigueur les soupçons de proximité avec le pouvoir chinois et rappelle régulièrement qu’il est présent dans 170 pays.
Des soupçons d’espionnage
Début mai, le Pentagone a interdit à ses personnels d’acheter des smartphones Huawei (et ZTE) en raison de risques de sécurité «inacceptables». Pour les Américains, des entreprises comme Huawei sont susceptibles de faire de l’espionnage pour Pékin.
Ces informations tombent d’autant plus mal qu’elles interviennent dans un climat d’extrêmes tensions commerciales entre Pékin et Washington, sur fond de menace de guerre commerciale via des taxes douanières punitives.
Il s’agit aussi évidemment d’un nouveau boulet au pied de Facebook, déjà empêtré depuis mi-mars dans le scandale Cambridge Analytica. Cette société britannique est accusée d’avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs à des fins politiques, notamment pour faire gagner le Brexit au Royaume-Uni et Donald Trump à la présidentielle américaine. Ces données personnelles avaient transité par une application tierce de tests psychologiques proposée sur Facebook.
Le cofondateur et tout-puissant patron de Facebook Mark Zuckerberg avait dû s’excuser et s’expliquer longuement devant des parlementaires américains puis européens très remontés contre le réseau social, accusé de laxisme et d’opacité dans sa gestion des montagnes de données personnelles qu’il détient.