La Commission européenne a infligé jeudi une amende de 110 millions d’euros au réseau social Facebook. La société américaine a fourni des renseignements inexacts pendant l’enquête de l’UE concernant son rachat de l’application mobile WhatsApp.

«La décision d’aujourd’hui envoie un signal fort aux entreprises, montrant qu’elles doivent respecter tous les aspects du règlement de l’UE sur les concentrations, y compris l’obligation de fournir des informations exactes», a déclaré la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.

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«Nous avons agi de bonne foi»

Le 3 octobre 2014, la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, avait donné son feu vert à l’acquisition, finalement conclue pour 22 milliards de dollars, de WhatsApp par Facebook. La décision de jeudi ne change en rien le feu vert octroyé au rachat, a précisé l’exécutif européen.

Facebook a aussitôt réagi à l’annonce de jeudi: «Nous avons agi de bonne foi depuis nos premières rencontres avec la Commission européenne et nous avons cherché à fournir des informations exactes à chaque fois.»

«L’erreur que nous avons faite dans les documents fournis en 2014 n’était pas intentionnelle et la Commission a confirmé que cela n’a pas eu d’impact sur le résultat de l’examen de la fusion», a dit un porte-parole de Facebook, Aled Williams, à l’AFP. «L’annonce d’aujourd’hui clôt l’affaire», a-t-il ajouté.

Politique de confidentialité

Facebook avait assuré, lors de l’enquête menée par Bruxelles en 2014 sur le rachat de WhatsApp, «qu’elle ne serait pas en mesure d’associer automatiquement et de manière fiable les comptes d’utilisateur des deux sociétés», une information dont la Commission explique avoir «tenu compte» pour autoriser l’opération.

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Mais en août 2016, l’entreprise californienne avait modifié la politique de confidentialité de WhatsApp, permettant aux données récoltées sur cette application d’être utilisées pour proposer une publicité ciblée sur les autres applications du groupe comme Facebook ou Instagram.

Partage de données critiqué

La Commission avait entamé dès le mois de septembre des discussions avec Facebook, qui avait cessé temporairement, en novembre, le partage d’informations avec WhatsApp en Europe.

Le partage de données avec WhatsApp avait valu à Facebook de nombreuses critiques en Europe, notamment du groupe G29, qui réunit les autorités nationales de protection de données des différents Etats membres de l’UE (dont la CNIL française).

Le rachat de WhatsApp avait aussi été contesté à l’époque par des groupes de défense de la vie privée, qui craignaient un mauvais usage des données personnelles des utilisateurs.