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Disney, qui est déjà un mastodonte d’Hollywood avec notamment dans son escarcelle la saga Star Wars ou les super-héros Marvel, possède les chaînes du groupe ABC et surtout les chaînes sportives ESPN.
S’il reste encore des étapes à franchir pour que la fusion Disney-Fox soit définitive, ce feu vert est une mauvaise nouvelle pour le câblo-opérateur américain Comcast, qui convoite aussi le groupe Fox et avait lancé mi-juin une offre de rachat plus élevée que l’offre originale de Disney, déposée en décembre. Ce dernier avait à son tour dû surenchérir la semaine dernière pour contrer Comcast et avait assuré que sa nouvelle proposition avait le soutien de Fox. Selon la presse américaine, Comcast n’a pas abandonné et pourrait lancer une nouvelle offre.
Dans l’expectative d’ultimes validations
Pour sa part, Disney, qui a mis 71,3 milliards de dollars sur la table dans cette opération, a confirmé avoir accepté la demande du ministère et précise qu’il devra vendre ces chaînes sportives dans un délai de trois mois, renouvelables, suivant le bouclage du mariage.
Disney veut mettre la main sur les studios de cinéma 20th Century Fox, la chaîne de télévision National Geographic, la participation de Fox dans le service de streaming Hulu, ou encore dans le groupe satellite britannique Sky. La chaîne de télévision câblée américaine Fox News, le Wall Street Journal et l’agence d’informations Dow Jones, autres propriétés de la famille Murdoch, n’en font en revanche pas partie et constitueront l’essentiel d’un nouveau groupe Fox aminci.
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«Nous sommes satisfaits du fait que le Ministère de la justice ait conclu que, à l’exception de la demande [de cession] des chaînes sportives régionales de Fox, la transaction n’aura pas d’effet néfaste sur la concurrence et que nous ayons été en mesure de résoudre les inquiétudes, limitées, potentielles», s’est réjoui The Walt Disney Company.
Juridiquement, l’accord entre Disney et les autorités de la concurrence doit encore être validé par un juge, ont précisé les deux parties, tandis que la fusion elle-même doit encore recevoir l’aval, notamment, de régulateurs d’autres pays et des actionnaires.
Concurrencer les nouveaux médias
La lutte acharnée pour ce rachat symbolise le bouleversement en cours des secteurs des médias et des télécoms, les groupes traditionnels cherchant à grossir pour rivaliser avec les géants technologiques comme Google, Netflix ou Amazon, à la fois plateformes de diffusion et producteurs de contenus.
La Silicon Valley dispose d’un avantage certain: grâce aux données personnelles des utilisateurs stockées sur ses plateformes, elle est en contact direct avec le public et en sait long sur ses goûts et ses habitudes, ce qui lui permet par exemple d’adapter les contenus qu’elle propose. Google et Facebook captent en outre une part substantielle des recettes publicitaires, au détriment des acteurs traditionnels des médias. D’où l’idée pour les groupes télécoms et médias de se marier pour soit combiner canaux de distribution et contenus, soit étoffer leur offre de programmes.
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Le feu vert accordé le 12 juin par un juge de Washington à la fusion entre le géant des télécoms AT&T et le groupe de médias Time Warner, contre l’avis des autorités de la concurrence, avait levé les incertitudes sur nombre de grosses fusions en cours ou à venir. C’est précisément cet aval qui avait décidé Comcast à surenchérir sur Fox.