Débats
En écho à la crise sanitaire, les participants au Forum des 100 ont discuté de l’impact de la technologie et admis qu’il ne faut pas s’attendre à une solution miracle

La technologie peut-elle nous sauver? C’est la question ambitieuse, un brin culottée, qu’a posée vendredi la 16e édition du Forum des 100 organisée en ligne par Le Temps. Développeurs, ingénieurs, économistes, politiciens et humoristes, plus de 15 orateurs avaient pour mission d’apporter un éclairage sur les forces de la science et ses dérives.
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Nouria Hernandez et Martin Vetterli, respectivement rectrice de l’Université de Lausanne et président de l’EPFL, ont ouvert le bal. Tous deux misent sur la technologie pour résoudre l’actuelle crise sanitaire mais nient qu’elle puisse s’imposer comme une solution miracle. «La technologie peut nous aider mais elle ne peut pas nous sauver. On ne peut évoluer sans prendre en compte les ressources limitées», tranche la biologiste.
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L’importance des relations sociales
L’esprit général est plus optimiste. «Avant, on sortait avec ses clés et son portefeuille. Maintenant, on ne peut plus sortir sans son portable», résume Jamie Paik. Pour cette professeure de l’EPFL en robotique, l’intelligence artificielle peut améliorer notre qualité de vie. Le Covid-19 a, par exemple, souligné l’importance des relations sociales. Un défi à la portée des machines, selon la chercheuse. «On pourra reproduire des sensations à travers les robots grâce à un mécanisme motorisé. Nous pourrions imaginer des zooms avec une poignée vibrante pour simuler une poignée de main.» Une technologie utile aussi pour les personnes âgées ou celles en déplacement.
Sans surprise, la santé est l’un des autres secteurs qui pourra bénéficier des avancées technologiques. Invité pour s’exprimer sur l’application SwissCovid, Marcel Salathé, professeur à l’EPFL, soutient que la technologie est sous-estimée. Il se dit favorable à une meilleure communication des autorités pour apaiser les craintes du grand public, notamment sur la protection des données. «Il ne faut pas craindre la technologie en soi, mais le pouvoir qui y est lié, ce qu’on en fait.»
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Machines contre l’humain
Les débats convergent toutefois sur les dérives de l’intelligence artificielle. les interlocuteurs s’accordent sur la nécessité de régulation de la reconnaissance faciale et des questions émergent sur la pérennité de certains métiers. «Des emplois vont disparaître, surtout ceux qui requièrent des tâches répétitives. Toutefois d’autres ne pourront pas être remplacés en raison des connaissances spécifiques qu’ils exigent comme la neurochirurgie», affirme Isabelle Chappuis, directrice de Futures Lab. Jamie Paik, fondatrice et directrice du laboratoire de robotique reconfigurable de l’EPFL, anticipe que «85% des professions prévues pour 2030 n’existent pas encore».
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Tous les orateurs s’accordent sur le fait que les machines ne pourront supplanter l’être humain. «Une technologie ne vaudra jamais une poignée de main ou un câlin», assure Jamie Paik. De son côté, Sonja Betschart, cofondatrice de WeRobotics, considère que la technologie doit être au service de l’humain.
Les discussions sur les enjeux de la technologie se poursuivront la semaine prochaine: forumdes100.ch