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Le futur Napster payant, un simple coup de bluff?

La nouvelle version du plus célèbre logiciel de partage de musique permettra d'accéder à 500 000 titres. Malgré sa notoriété, Napster devra affronter plusieurs problèmes de taille.

Beaucoup d'internautes avaient écrasé une larme en 2001 lorsque Bertelsmann, sous la pression grandissante des majors de l'industrie musicale, fermait les services de Napster. Depuis, beaucoup de choses ont changé. L'an dernier, le groupe allemand avait vendu les actifs de Napster pour quelque cinq millions de dollars à Roxio, éditeur de logiciels de gravage pour CD. Même débarrassé du célèbre service, Bertelsmann se bat aujourd'hui pour que les principaux éditeurs renoncent aux 17 milliards de dollars de dommages qu'ils lui réclament. De son côté, Roxio vient d'annoncer la réouverture prochaine d'une version 2.0 de Napster avant Noël, une version bien entendu payante.

Roxio a-t-il voulu créer un effet d'annonce? Peut-être. Les détails livrés sur le nouveau service sont en tout cas très minces. Aucune structure tarifaire n'a été dévoilée, Roxio affirmant même que Napster 2.0 n'avait pas encore été testé. La société a par contre annoncé que 500 000 titres seraient disponibles, ce qui constituerait un catalogue plus important que le iTunes Music Store d'Apple (200 000 titres) et que le tout nouveau service BuyMusic.com (300 000 titres). Roxio bénéficiera d'un accord avec les cinq plus grands labels, et des restrictions sur le nombre de fois qu'une chanson pourra être gravée sur un CD ou copiée sur un appareil portable seront introduites. Chris Gorog, directeur de Roxio, s'est contenté d'affirmer que les prix seraient en ligne avec le marché. Les tarifs pratiqués actuellement vont de 79 cents (1,06 franc) à un dollar (1,35 franc) le titre, le téléchargement d'un album entier coûtant environ 8 dollars, soit 10,8 francs. Le service sera complété avec une radio émise via Internet, une programmation exclusive et des interviews d'artistes.

Rude concurrence

Chris Gorog a beau affirmer que la notoriété de Napster est de 97% auprès des internautes, rien n'est gagné d'avance pour Napster 2.0. De nombreux analystes estiment en effet que si le site profitera de la curiosité de ses visiteurs, il n'est pas certain qu'ils l'adoptent pour leurs achats de titres – d'autant que les systèmes d'échange gratuits continuent d'exister. Il n'est pas non plus acquis que Roxio puisse négocier avec les majors des conditions aussi souples que celles récemment obtenues par Apple. Enfin, le futur Napster devra s'imposer dans un marché de plus en plus concurrentiel. Pour l'heure disponible uniquement aux Etats-Unis et sur Mac, le service d'Apple sera compatible avec Windows d'ici à la fin de l'année. Et alors que BuyMusic.com vient d'être lancé il y a quelques jours, des géants tels AOL et Amazon songent à lancer leurs propres services de vente de musique en ligne. Difficile dès lors de prévoir la stratégie future de Roxio, d'autant que l'éditeur est propriétaire depuis quelques mois de Pressplay, l'un des tout premiers services de musique payante à s'être lancé.