Innovation
Le bout du Léman s’est fixé pour objectif stratégique 2030 de devenir un «smart canton». Un projet économique de longue haleine, mais qui peine encore à décoller, contrairement à la station de ski française de Val Thorens, lauréate de la Palme du tourisme numérique en 2014

Une agglomération adossée au numérique peut améliorer, à moindre coût, la qualité de vie de ses habitants et la compétitivité de son économie, sans détériorer l’environnement. Bienvenue dans l’ère des villes intelligentes («smart cities»), un marché mondial estimé à 3300 milliards de francs à l’horizon 2025. Cette innovation urbanistique a fait l’objet lundi au salon eCom à Palexpo – le plus grand événement dédié au commerce électronique et au marketing mobile de Suisse romande – d’une conférence intitulée «Classement des smart cities: quelles sont celles qui réussissent le mieux par rapport aux autres?». Petit florilège.
Pour l’heure, et malgré l’objectif de la stratégie économique cantonale 2030 de faire du bout du Léman un smart canton, Genève ne figure pas parmi les meilleurs élèves. «En dépit d’une importante campagne de communication, le bilan est assez faible, avec à ce jour seulement deux projets pilotes à Carouge», indique Jean-Marc Seigneur, directeur de la formation continue en management numérique des villes et territoires intelligents à l’Université de Genève.
Nettoyer et faire parler les données
Le lancement du projet genevois en matière de développement urbain 2.0 date de l’été 2015. Simple effet d’annonce des autorités? «Il n’y a en tous les cas pas d’expertise en matière de supervision ni de budget clair dédié, encore moins de délai de mise en œuvre explicite», estime le spécialiste. Et ce dernier de citer en contre-exemple Val Thorens, en Savoie. Cette station de ski est parvenue, via la gestion des données générées à travers son maillage numérique, à doper son tourisme. Ainsi que le chiffre d’affaires de ses entreprises.
Comment? En aspirant notamment les traces laissées par les cartes de crédit de ses clients. L’exercice va des informations glanées sur le WiFi public jusqu’aux bribes de données issues des plaques de voitures stationnées sur les parkings. «Nous sommes aussi branchés sur la plupart des caisses enregistreuses des magasins», souligne Gregory Guzzo, cheville ouvrière de la smart station française, lauréate de la Palme du tourisme numérique en 2014.
Résultat de cette maîtrise technologique: «Aujourd’hui, je suis par exemple capable d’identifier combien de Néerlandaises de plus de 45 ans, habitant Amsterdam, ont séjourné chez nous, et ce qu’elles ont dépensé», assure Gregory Guzzo. Val Thorens affirme tracer avec précision 79% de son chiffre d’affaires. La station a ainsi découvert que 4% de ses clients représentaient près de 30% de ses ventes. «Et qu’un vacancier «animé» [ndlr: avec lequel la station discute via texto, courriel ou les réseaux sociaux] générait trois fois plus de recettes», conclut-il.