Genève se profile comme la capitale européenne des véhicules autonomes. Mardi, l’Université de Genève a été désignée pour piloter le consortium européen Avenue, chargé de tester le transport collectif de personnes sans chauffeur. Durant quatre ans, plusieurs minibus autonomes de différentes tailles sillonneront la ville. A terme, ces tests pourraient permettre à la Cité de Calvin d’être en avance non seulement au niveau européen, mais aussi mondial.

Neuf consortiums étaient en lice pour piloter Avenue. Et ce mardi, après deux jours de réunion à Bruxelles, c’est Genève qui a décroché la maîtrise de ce projet, doté d’un budget de 22 millions d’euros (26 millions de francs), dont 16 millions seront financés par la Commission européenne. L’Université de Genève (Unige) gérera le projet. «C’est une nouvelle très importante pour Genève et la Suisse. Nous avions un dossier très solide, avec des partenaires locaux à la pointe. Et nous prendrons ainsi une avance importante dans le domaine des véhicules autonomes» assure Dimitri Konstantas, professeur à la Geneva School of Economics and Management de l’Unige.

Vision globale

Mais pourquoi le choix de cette université, sans compétences reconnues dans ce domaine? «Le projet se veut avant tout à visée sociétale et économique: comment ces véhicules seront utiles aux passagers? Avec quel modèle d’affaires? Quels nouveaux services créer? Quelles seront les conséquences pour l’environnement? Pour ces questions, l’Unige a déjà prouvé qu’elle était très compétente», explique le professeur. L’entreprise Bestmile, issue de l’EPFL et spécialisée dans la gestion des flottes de véhicules autonomes, sera le partenaire technologique le plus important.

Le but est de travailler dans des zones suburbaines pas ou peu desservies actuellement. Les véhicules autonomes n’iront pas jusqu’au centre-ville

Denis Berdoz, directeur des TPG

Sur les deux premières années, quatre véhicules dotés de 4 à 12 places circuleront dans la périphérie de Genève. Sur les deux années suivantes, le nombre de véhicules pourrait être doublé. «Le but est de travailler dans des zones suburbaines pas ou peu desservies actuellement, en les connectant au réseau traditionnel des TPG. Les véhicules autonomes n’iront pas jusqu’au centre-ville», affirme Denis Berdoz, directeur des Transports publics genevois (TPG). Ces derniers ont acquis un minibus autonome DL4 de la société lyonnaise Navya et veulent le tester sur une ligne expérimentale, baptisée XA, à Meyrin. Le feu vert de l’Office fédéral des routes doit intervenir d’ici à quelques jours.

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Trajets personnalisés

Genève compte beaucoup sur Bestmile pour ces tests. La start-up lausannoise, qui compte 50 employés et vient de lever 11 millions de dollars en mars, gérera à distance l’ensemble de la flotte. «L’expérience acquise grâce aux navettes que nous permettons déjà de faire circuler à Sion et à Fribourg nous sera très utile à Genève, explique Anne Mellano, cofondatrice de la société et responsable des opérations en Europe. Nous souhaitons maintenant aller plus loin et montrer qu’il est possible d’utiliser les navettes autonomes dans des systèmes à la demande. Le but à terme est de démontrer qu’il est possible de se passer d’un opérateur à bord.» Au final, certains minibus autonomes pourront ainsi aller chercher des passagers à un point A et à les amener à un point B, tout en restant un transport collectif. La start-up MobileThinking, issue de l’Unige et partie prenante du projet, travaille justement sur des applications pour les passagers.

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Mais il n’est pas question de se transformer en service de taxi. «Nous allons nous concentrer sur un service de transport en commun, un service plus efficace, plus écologique et plus flexible», précise Dimitri Konstantas. Ainsi, aucun partenariat n’est par exemple prévu avec Uber, alors que la multinationale basée à San Francisco travaille sur un service de taxis autonomes.

D’autres tests en Europe

Genève sera à la pointe avec ce projet européen, mais des tests sont aussi menés ailleurs. «En plus de Genève, le projet va permettre le déploiement de navettes à Lyon, Copenhague et Luxembourg, poursuit Anne Mellano. Ce projet est une opportunité pour Genève de se positionner comme un pionnier dans ce domaine. Nous avons, en Suisse, la chance d’avoir des opérateurs qui s’adaptent rapidement aux nouvelles technologies.»

Pour l’heure, aucun test de voiture individuelle autonome n’est prévu en Suisse. Swisscom avait mené des tests durant quelques jours en 2016 via un véhicule emprunté à une université allemande, sans renouveler l’expérience.