Genève et Zurich demeurent dans le top 10 mondial des smart cities. Jeudi, l’International Institute for Management Development (IMD) de Lausanne a publié son deuxième classement, regroupant 109 villes de tous les continents. La cité lémanique passe de la quatrième à la septième place par rapport à 2019, alors que la ville alémanique rétrograde d’un rang pour se placer troisième. Des changements mineurs qui illustrent la qualité de vie perçue dans ces agglomérations. Ce classement permet aussi de mettre en lumière les principaux points d’amélioration exigés des citoyens, mais aussi d’évoquer la myriade de projets de smart cities en Suisse.

Mais d’abord, qu’est-ce, concrètement, une «ville intelligente»? «C’est un cadre qui profite de la technologie pour améliorer les avantages et diminuer les inconvénients de l’urbanisation pour ses citoyens, en leur offrant une qualité de vie supérieure», définit Christos Cabolis, directeur opérationnel auprès du centre de compétitivité mondiale de l’IMD. On parle certes de technologies – que ce soit pour le wifi public ou la vitesse des connexions commerciales à internet –, mais aussi d’accès au système de santé, d’emploi ou encore de gouvernance. En 2020, le top 5 mondial est emmené par Singapour (numéro un pour la deuxième année consécutive) devant Helsinki, Zurich, Auckland et Oslo. Ce classement se termine par Abuja (Nigeria), Nairobi (Kenya) et enfin Lagos (Nigeria).

Le logement, souci numéro un

Pour ce rapport, l’IMD s’est basé non pas sur des données et indicateurs issus des villes, mais sur des questionnaires adressés à 120 habitants de chaque cité. Est-ce suffisamment représentatif? «Statistiquement parlant, oui, assure Christos Cabolis. Nous avons fait attention à avoir un échantillon représentatif de la population, que ce soient des étudiants, des travailleurs, des personnes qui n’ont pas d’activité ou des retraités, qui ont des besoins et des attentes différents envers leur ville.»

A première vue, tout va bien à Genève et à Zurich. «Les villes suisses excellent dans de nombreuses dimensions qui rendent une ville smart, assure Christos Cabolis. Ces deux cités offrent des infrastructures de premier choix, un environnement favorable pour les affaires et l’emploi, des autorités jugées efficaces ou encore un accès aisé aux espaces verts.»

Mais il y a aussi des points noirs. Prenons Genève. Parmi les problèmes principaux à résoudre, le manque de logements abordables est cité par 81% des sondés, devant les bouchons sur les routes (58%), le chômage (55%), la pollution de l’air (41%) et la sécurité (39%). Sur ce dernier point, 63% des personnes se disent favorables à l’utilisation de la reconnaissance faciale pour lutter contre les délits. Les chiffres de Zurich sont très proches de ceux de Genève.

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Covoiturage au Locle

La Confédération possède son propre programme Smart City Suisse, visant à soutenir des dizaines d’initiatives dans le pays. «Plusieurs villes, comme Zoug, Saint-Gall, Aarau, Zurich, Genève ou Schaffhouse, développent actuellement leurs stratégies smart city. Certaines d’entre elles ont mis en place des laboratoires (Living Labs) qui visent à tester, au niveau micro, des solutions qui peuvent ensuite être mises à l’échelle d’un quartier ou d’une ville, détaille Caroline Huwiler, chargée de programme Smart City pour la Suisse romande. Les projets qui en découlent permettent d’optimiser les systèmes de mobilité urbaine en favorisant la mobilité douce, d’optimiser la gestion de l’énergie, de recourir aux énergies renouvelables ainsi qu’à des réseaux interconnectés ou encore en favorisant l’émergence d’écoquartiers.»

Par exemple, la Confédération soutient le développement d’un système de covoiturage local au Locle, des aménagements urbains intégrant eau et végétation à Sion pour faire face au changement climatique, ou encore un programme de sensibilisation aux entreprises, aux bonnes pratiques environnementales à Ecublens.

S’inspirer de Barcelone

Fait-on mieux ou moins bien en Suisse par rapport à l’étranger? «Les Suisses aiment prendre leur temps et sont réticents à la prise de risque, estime Caroline Huwiler. Alors que l’expérimentation – qui est souvent à la base de solutions innovantes – est favorisée dans certains pays, notamment nordiques, elle est moins acceptée en Suisse. Ici, on doit montrer qu’on sait où on va.»

Selon la responsable, la Suisse peut s’inspirer par exemple de Barcelone, car «cette ville facilite l’implication de multiples acteurs, comme des représentants de la société civile, de la recherche académique appliquée, des administrations publiques et des entreprises, pour la cocréation d’initiatives urbaines innovantes.»