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Google et Microsoft en pleine course à l’intelligence artificielle

Microsoft a annoncé cet été la création d’un laboratoire centré sur la recherche dans l’intelligence artificielle. Avec ses projets Google Brain et DeepMind, Google garde une longueur d’avance

Satya Nadella, directeur général de Microsoft, veut démocratiser l'intelligence artificielle. — © Mark Wilson/AFP
Satya Nadella, directeur général de Microsoft, veut démocratiser l'intelligence artificielle. — © Mark Wilson/AFP

Microsoft a échoué à imposer son Windows Phone sur le marché des portables. A en croire son rapport annuel publié début août, la firme de Redmond ne compte pas rater le train de l’intelligence artificielle (IA). «Notre vision stratégique consiste à croître en construisant des plateformes pour un cloud intelligent animé par l’IA», dit le rapport, qui ne mentionne pas le mobile.

Cette nouvelle priorité s’est traduite par la mise en place dès le mois dernier du laboratoire MSR AI, rassemblant sous un même toit une centaine de scientifiques travaillant dans différentes branches de la technologie. «La nouvelle équipe a été formée pour développer une approche globale du R&D, intégrant nos efforts sur l’apprentissage automatique, les avancées dans le traitement automatique du langage naturel, la prise de décision et la perception», détaille au Temps une porte-parole de Microsoft.

Le laboratoire va aussi travailler avec le Centre pour les cerveaux, esprits et machines du MIT. Un partenariat qui permet de repérer de futurs talents à recruter dans un secteur hautement concurrentiel. «C’est la prochaine grande révolution dans la technologie», rappelle Frederic Lardinois, journaliste pour le site spécialisé Techcrunch. «Si la prochaine génération d’appareils se concentre sur les interfaces conversationnelles et l’IA, Microsoft doit trouver un moyen d’être pertinent dans ce monde.»

Une réponse à Google Brain et DeepMind

Le geste de Microsoft est interprété comme une réponse à Google Brain, un projet de recherche en Deep Learning, et à DeepMind, racheté en 2014 pour 630 millions de dollars. Son programme AlphaGo, capable de battre des joueurs professionnels de Go, avait braqué les projecteurs sur ce spécialiste de l’IA. Comme Microsoft, Google a annoncé par la voix de son PDG, Sundar Pichai, qu’elle évoluait «d’une société centrée sur le mobile à une société sur centrée sur l’IA».

«Je dirais que, pour le moment, c’est Google qui mène la course», commente pour Le Temps Karl Freund, analyste chez Moor Insights & Strategy. «Ils ont des milliers d’ingénieurs et de chercheurs focalisés sur l’IA. Ils ont noué des liens solides avec des équipes universitaires et ils l’utilisent dans leurs produits, de Search à Google photos», précise ce spécialiste du Deep Learning. «Mais Microsoft est très bien positionnée sur un marché différent. Elle se concentre sur les entreprises où elle est déjà implantée avec Office 365, le cloud Azure et toute une série de logiciels dont elles sont dépendantes», ajoute-t-il.

Frederic Lardinois a suivi les conférences annuelles des deux géants, I/O pour Google et Build pour Microsoft. «Google développe beaucoup de superbes outils mais attend ensuite de voir ce qui marche. Il ne semble pas y avoir d’idée cohérente derrière, observe-t-il. Microsoft paraît avoir une vision plus claire, faisant en sorte que l’IA rende tout le monde plus productif.»

Concurrence et partenariat

Des voitures autonomes à la santé, l’IA devrait affecter l’ensemble de l’économie à l’avenir. Google et Microsoft ne sont donc pas les seules à vouloir devenir la plateforme incontournable. Facebook a son propre laboratoire, FAIR. IBM continue de développer son programme Watson. D’après la plateforme de recrutement Paysa, Amazon investit en moyenne 228 millions de dollars par an dans l’IA. Apple apparaît par contre en retrait.

Malgré la concurrence, les géants de la tech collaborent au sein du «partenariat sur l’IA pour le soutien de la population et de la société» avec l’idée d’élaborer des règles pour le secteur. Il n’y a pas eu besoin d’attendre Elon Musk pour entendre parler des dangers potentiels d’une technologie capable de simuler l’intelligence humaine. «La dernière chose que ces entreprises veulent, c’est que le gouvernement devienne nerveux et commence à imposer des régulations qui pourraient entraver l’innovation», analyse Karl Freund.