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Lancer le pingouin, le nouveau phénomène qui captive des millions d'internautes

Un nouveau jeu Internet se répand à grande vitesse en Europe. Les employés de bureau se ruent sur «Pingu», création d'une société autrichienne. Les joueurs qui se font pincer au bureau risquent, a priori, peu

C'est un virus qui s'attaque aux employés plutôt qu'à leurs ordinateurs. Le jeu Pingu – ou Smack the Pingu selon les versions – est un nouveau phénomène de mode Internet, comme le réseau n'en avait plus connu depuis des lustres. Il accapare de nombreuses personnes sur leur lieu de travail, des locaux de la poste à Berne à ceux d'IBM à Paris, sans que les dommages en productivité n'aient encore été estimés. Recette du succès, la simplicité du jeu se résume à deux clics: le premier pour faire sauter un pingouin d'une falaise; le second pour qu'un yeti posté en dessous lui assène un coup de massue façon base-ball et l'envoie ainsi en vol plané. Clef de la réussite et garant d'un bon score (à imprimer et afficher aux abords de son bureau), le timing de la frappe détermine la longueur du vol de l'oiseau.

Disponible sur le site autrichien de ses concepteurs depuis fin janvier, Pingu a été lancé officiellement plus de 80 millions de fois. En réalité, le nombre de parties est bien plus important. «De nombreuses versions modifiées du jeu circulent, se plaint Michael Grimm de l'atelier Edelweiss, géniteur du pingouin. Elles étaient même disponibles avant que nous ne mettions à disposition la version officielle. Nous avons demandé aux internautes qui proposaient ces copies sur leurs sites de les effacer.» Car la petite entreprise autrichienne (30 personnes), développant par ailleurs des solutions de e-learning pour une grande banque suisse, tient à garder la main sur son produit.

Au départ, celui-ci était destiné à Chello, un fournisseur d'accès européen soucieux d'attirer les internautes sur son portail. Mais très vite, Edelweiss a compris l'impact énorme du programme écrit par l'un de ses informaticiens, Chris Hilgert. «Plusieurs entreprises nous ont contactés pour acheter Pingu. Mais nous refusons toute exclusivité, explique Michael Grimm. Nous proposons le jeu sur notre site, ce qui a eu un impact extraordinaire sur la notoriété de notre entreprise. Et nous pourrions autoriser, contre paiement, plusieurs sites commerciaux à l'héberger.»

Le jeu a aussi engendré son lot de pastiches et de plaisanteries qui contribuent à sa notoriété sur la Toile. La version «russifiée» propose par exemple de se mettre dans la peau d'un homme barbu envoyant une femme de forte corpulence. Un photomontage montre le pingouin propulsé à l'extérieur de l'écran d'ordinateur d'un employé ébahi. Un collage propulse l'oiseau sur un vrai terrain de base-ball.

L'avenir du yeti et du pingouin semble assuré. Edelweiss a lancé en début de semaine passée la version pour téléphone mobile de son jeu (téléchargeable pour six francs). Elle propose également une déclinaison légèrement plus complexe du scénario original, appelée «Yeti sport part 2». Dans cette version, le yeti doit lancer une boule de neige sur un pingouin pour l'envoyer contre une cible. «Dans environ un mois, nous proposerons un troisième épisode. Et ainsi de suite jusqu'à dix», assure Michael Grimm qui promet également que le lancer du pingouin restera gratuit pour l'internaute. Un tournoi virtuel, sorte de décathlon électronique, pourrait voir le jour et nécessiter, cette fois, une inscription. On ne sait pas encore si elle sera payante. La Suisse, huitième au classement des plus gros joueurs sur yetisports.org malgré sa petite taille, devant l'Espagne, l'Angleterre et l'Italie, aurait, dit-on, toutes ses chances.

Le jeu est disponible sur www.yetisports.org, souvent surchargé.