Quand l’industrie part à la pêche aux idées
Technologie
La deuxième foire de l’innovation s’est tenue lundi à Meyrin (GE), dans les locaux de Hewlett Packard Enterprise. Plusieurs projets étaient consacrés à l’éclairage intelligent des villes

Les chercheurs n’ont pas toujours la possibilité, ou la volonté, de transformer leurs innovations en produit ou solution commerciale. Certains préfèrent donc les vendre directement à des industriels pour éviter qu’elles ne dorment dans les tiroirs des hautes écoles.
La deuxième édition d’Innosquare, qui s’est déroulée lundi au sein de Hewlett Packard Enterprise (HPE) à Meyrin (GE) a permis aux ingénieurs de présenter leur technologie. Chacun d’entre eux a pu faire une présentation d’une minute, via une vidéo. Quatre experts avaient l’occasion d’appuyer sur un bouton-poussoir pour faire part de leur coup de cœur.
Comment valoriser les inventions
Un peu plus tôt, en début de matinée, des patrons d’entreprise, triés sur le volet, ont eu droit à leur session privée. Parmi eux, le directeur général d’ABB Sécheron, celui de l’Aéroport de Genève, le responsable de l’innovation de Richemont ou des représentants de HPE ou encore Kudelski. Puis, dans la matinée, près de 200 représentants de l’industrie sont venus découvrir les projets issus des différents établissements de la Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) ainsi que ceux de 18 start-up romandes.
La thématique 2019 était consacrée à l’internet des objets (Internet of Things ou IoT). «Certains projets ont déjà levé 2 à 3 millions de francs, mais n’arrivent pas à déboucher sur un projet commercial. Leurs initiateurs ne savent pas comment valoriser leur invention», résume Juliette Lemaignen, représentante d’Inartis, la fondation qui organise l’événement en collaboration avec la HES-SO.
Un éclairage intelligent pour diminuer la consommation énergétique
Cette foire de l’innovation permet aux industriels de rester informés. Lundi, ils écoutaient patiemment les différentes présentations, espérant peut-être découvrir une pépite. «Il se peut que des projets issus des HES-SO soient intégrés dans nos solutions et commercialisés à l’international. Ceci va permettre à HPE d’accroître ses parts de marché et de compléter ses portefeuilles de solutions IoT», note Monica Gille, directrice pour la Suisse romande du groupe américain.
Parmi les projets présentés à Meyrin, certains concernaient l’éclairage intelligent des villes. L’un d’entre eux, développé en collaboration avec les Services industriels de la ville de Lausanne, propose de contrôler indépendamment les 15 000 luminaires de la capitale vaudoise. Grâce à des capteurs, l’éclairage s’adapte en fonction du trafic ou de la fréquentation. «Un tel système pourrait diminuer la consommation énergétique jusqu’à 40%», note Nabil Ouerhani, chargé du projet à la HE-Arc.
Autre exemple: un bouchon intelligent développé aux HUG à Genève et intégré aux bouteilles de lotion antiseptique que l’on trouve dans les hôpitaux. «Le projet existe depuis de nombreuses années mais n’a jamais pu être exploité commercialement. Il permet d’optimiser et de vérifier la désinfection des mains pour réduire au maximum les risques d’infections», précise Juliette Lemaignen.
Les projets étaient très divers, allant de l’optimisation des parcs de location de vélos en passant par des drones autonomes permettant de repérer des places de parking.
Renforcer les collaborations avec des industriels
Que sont devenus les projets 2018 présentés aux acheteurs potentiels? Les projets de l’année passée concernaient les systèmes d’ingénierie au service des sciences du vivant. «Quatre à cinq deals ont été réalisés pour quelques milliers de francs. Ce sont des petites opérations», note Juliette Lemaignen. «La foire de l’innovation, c’est surtout du réseautage. L’événement ne débouche pas nécessairement sur de la vente directe mais permet de renforcer des collaborations avec des industriels», estime, de son côté, Luc Stoppini, professeur de bioingénierie à Hepia Genève, un membre de la HES-SO.