Début 2017, il vaut la peine de lire, ou de relire, l'article «Why Software Is Eating The World» écrit par Marc Andreessen et publié en mars 2011 dans le «Wall Street Journal». L'entrepreneur, actif dans les nouvelles technologies, expliquait la puissance toujours plus importante des logiciels, irradiant un nombre croissant d'industries. Et rendant en parallèle incontournables les éditeurs de ces programmes.

Près de six ans après la parution de cet article, le logiciel mange de plus en plus le monde. En l'espace de dix jours, la publication des résultats trimestriels et annuels d'Alphabet (Google), Microsoft, Apple, Facebook puis Amazon a mis en lumière la force, jamais vue à ce niveau, des géants de la technologie. Omniprésentes dans nos vies, disposant, déjà pour certains, de rentes colossales de situation, ces multinationales ont déjà accumulé des réserves en cash de plus de 500 milliards de dollars.

Aucun de ces géants n'a la garantie d'être éternel – l'expérience de Yahoo! est encore toute récente. Mais leur maîtrise des logiciels, leurs dizaines de gigantesques centres de données et leurs percées rapides dans l'intelligence artificielle ont permis à ceux qui paraissent les plus vulnérables – IBM et Microsoft – de croître à nouveau. Ces sociétés sont aujourd'hui d'autant plus solides que les tout nouveaux acteurs du monde de la technologie – Uber, Airbnb ou Snapchat – ne les attaquent que marginalement.

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Airbnb est la première grande «licorne» à devenir rentable

Il faudra ainsi vivre longtemps avec la domination de ces géants américains. En face d'eux se profilent surtout des acteurs asiatiques – tels Alibaba et Tencent – qui peinent encore à sortir de leur continent. En Europe, difficile de trouver, hormis le spécialiste français des centres de données OVH, un acteur capable de tenir tête aux multinationales américaines.

Il faut saisir l'importance des acteurs américains de la tech. Et se souvenir de deux choses. Ces sociétés ont besoin de talents locaux, comme le montre l'expansion de Google à Zurich. Cette expansion ne peut être que bénéfique aux start-ups qui gravitent autour la multinationale. De plus, nous avons, avec Swisscom, un acteur local qui peut rivaliser avec certains géants, pour le stockage de données ou la vidéo à la demande.

Inutile, donc, de se lamenter devant la puissance de ces géants américains. Mais il convient de prendre conscience, de s'interroger. Et de s'assurer que ces géants n'abuseront pas, demain, de leur domination.