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Malgré la pression américaine, la Suisse ne bannira pas Huawei

Le Service de renseignement de la Confédération ne dispose d’aucune preuve montrant que la Chine utiliserait la technologie 5G pour ses activités d’espionnage

Huawei travaille avec Sunrise et Swisscom. — © REUTERS/Aly Song
Huawei travaille avec Sunrise et Swisscom. — © REUTERS/Aly Song

La Suisse n’a pas l’intention de suivre les Etats-Unis en bannissant Huawei de son territoire. Selon le Tages-Anzeiger de ce vendredi, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) ne dispose d’aucune preuve montrant que la société chinoise mènerait des activités d’espionnage. Rappelons qu’en Suisse, Huawei construit le réseau de téléphonie mobile de Sunrise et fournit à Swisscom certains éléments pour son réseau fixe.

Pour l’heure, la position suisse n’est pas encore officielle, affirme le quotidien alémanique. Début avril, le directeur du SRC, Jean-Philippe Gaudin, est venu en parler devant la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats. D’après le Tages-Anzeiger, Jean-Philippe Gaudin n’a pas donné de feu vert à ce que Huawei développe le réseau 5G de Sunrise, mais, selon plusieurs sources du journal, il se rangerait plutôt du côté des modérés.

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Jean-Philippe Gaudin considérerait les mises en garde américaines contre les Chinois comme faisant partie de la guerre économique que se livrent les Etats-Unis et la Chine. Le SRC souhaite néanmoins surveiller la situation de près afin de repérer si la technologie 5G est utilisée à des fins de renseignement. Le service prévoit d’apporter son soutien aux opérateurs de téléphonie. Ces dernières semaines, Sunrise et Swisscom ont réitéré leur entière confiance en Huawei.

Pression américaine

La Commission de sécurité du Conseil des Etats a donc décidé de ne proposer aucune mesure au sujet de Huawei. Et ce malgré le fait, comme on l’apprenait mi-mars, que les Américains ont appelé la Suisse à agir avec prudence envers la société chinoise. Un échange de vues avait eu lieu au niveau diplomatique, notamment entre l’ambassade américaine à Berne et la Confédération.

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La pression qu’exercent les Etats-Unis sur plusieurs pays pour qu’ils bannissent Huawei des réseaux 5G ne porte pour l’heure pas ses fruits, du moins sur le continent européen. Et pourtant, Washington n’a cessé de pointer Huawei du doigt. Le dernier épisode de ce bras de fer date de mi-avril, lorsque la CIA accusait la société d’être en partie financée par des services de sécurité de l’Etat chinois. Des allégations réfutées par Huawei.

Si l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont interdit à la société chinoise de construire ses réseaux 5G, l’Allemagne et la France ont décidé de ne pas s’opposer à Huawei. Cette semaine, le Royaume-Uni semblait autoriser le géant chinois, de manière restreinte, à poursuivre ses activités sur son territoire. C’est en tout cas ce qu’affirmaient plusieurs médias.

Crise à Londres

Et vendredi, le gouvernement britannique était ébranlé par ces fuites dans la presse, avec un ultimatum posé aux ministres pour en retrouver l’auteur. Mardi soir, le quotidien The Telegraph affirmait que la première ministre Theresa May autorisait le groupe chinois à participer de manière limitée au déploiement du réseau 5G au Royaume-Uni, suite à une réunion le même jour du Conseil de sécurité nationale. Or le gouvernement doit formellement annoncer sa position d’ici au mois de juin.

Genève veut freiner la 5G

Le 10 avril dernier, les députés genevois demandaient un moratoire sur la mise en place de la 5G sur le territoire du canton. La motion adoptée exigeait d’attendre les résultats d’études scientifiques indépendantes. Et jeudi soir, le président du Conseil d’Etat genevois Antonio Hodgers, en charge du Département du territoire, a annoncé qu’il ne délivrera pour le moment plus de permis pour la construction de nouvelles antennes, imitant ainsi les cantons de Vaud et du Jura.

Interrogé dans l’émission 12h30 de la RTS, Antonio Hodgers a précisé que les cantons n’ont pas la compétence d’empêcher définitivement la construction de ces antennes. «Il s’agit d’une compétence fédérale. La mise en œuvre, elle, est cantonale, car elles sont installées dans un environnement bâti et ne doivent pas se situer à proximité des écoles, des hôpitaux», a détaillé le conseiller d’Etat pour expliquer le gel, ajoutant que «les cantons peuvent temporiser, mais pas définitivement les empêcher».  LT