La saturation semble guetter le marché des applications. Sur chacune des deux plateformes phares, iOS (Apple) et Android (Google), l’utilisateur dispose aujourd’hui d’un catalogue de 1,5 million d’applications. Et selon la société de recherche Comscore, un utilisateur moyen passe 80% de son temps à n’utiliser que… trois applications.

Du coup, les développeurs risquent-ils de se retrouver au chômage technique? «C’est le contraire, affirme Axel Pasqualini, directeur de la firme Apptitude, basée à Lausanne. Lorsque nous avons créé la société en 2012, tout le monde nous disait que c’était trop tard, que le marché des applications allait s’effondrer. Depuis, nous doublons chaque année le nombre d’employés (ndlr: la société en compte aujourd’hui 11) et le chiffre d’affaires. La demande est énorme». Chez Apptitude, 30% des clients sont des start-up. «Elles font appel à nous pour très vite lancer une application liée à leurs services et ainsi convaincre les investisseurs de les suivre. Tout le monde veut créer le Snapchat ou le WhatsApp de demain, cela suscite des vocations, même si les chances de percer sont réduites», poursuit Axel Pasqualini. Les clients de sa société sont aussi des PME, mais aussi des organismes tels le CHUV et l’EPFL.

Au sein des entreprises

David Hart, responsable des développeurs iOS chez Atipik, à Carouge (GE), va dans le même sens. «Bien sûr, il y a beaucoup d’applications et certaines sont rarement ouvertes. Mais prenez celle que nous avons développée pour Genève Aéroport: même si elle n’est utilisée que quelques fois par an par des voyageurs, elle leur est extrêmement utile». Actif au sein d’une équipe de dix personnes, David Hart estime que le marché évolue: «Il y a bien sûr les applications pour le grand public. Mais de nombreuses sociétés font appel à nous pour concevoir des outils internes poussés qui optimisent les processus et remplacent les logiciels aujourd’hui dépassés.». Axel Pasqualini estime que les entreprises cherchent ainsi à rendre plus productifs leurs employés.

Comment s’effectue le travail sur les deux principales plateformes, iOS et Android? «Google a effectué des progrès avec les outils mis à disposition des développeurs, mais Apple nous chouchoute, avec des outils simples, efficaces et puissants, estime Axel Pasqualini. Aujourd’hui, il faut environ une fois et demie plus de temps pour créer une application sur Android par rapport à une appli sur iOS. Mais les clients nous demandent en général une solution pour les deux systèmes». David Hart évoque quant à lui un surplus de 30% pour créer une application sur Android. «La version Lollipop a apporté de grosses améliorations pour Android. Mais la fragmentation de son parc de smartphones complique notre tâche. Récemment, nous avons vu presque par hasard qu’une partie d’un menu était tronquée sur un smartphone Android, alors que cela fonctionnait sur d’autres modèles». «Il y a peut-être 5000 téléphones Android différents sur le marché et une dizaine de modèles d’iPhone, cela change tout», renchérit Axel Pasqualini.

Et pour l’Apple Watch?

Quid des montres connectées? Le directeur d’Apptitude ne note quasiment aucune demande pour des programmes tournant sur l’Apple Watch. «Nous nous concentrons sur la plus-value qu’apporte l’Apple Watch, nous ne développons pas toutes les applications sur la montre, uniquement celle où nous y voyons un intérêt clair pour l’utilisateur affirme de son côté David Hart. C’est le cas avec Genève Aéroport.»

Au niveau global, le marché des applications continue de croître. Selon la société de recherche App Annie, en 2016, le marché des apps mobiles devrait croître de 24% dans le monde, pour atteindre un chiffre d’affaires brut de 51 milliards de francs générés dans les apps stores. En parallèle, Apple se targue d’avoir permis la création de 1,2 million d’emplois en Europe liés à la communauté des développeurs d’applications. En Suisse, 103 000 développeurs sont enregistrés chez Apple. Le groupe dit avoir redistribué aux développeurs européens 11,2 milliards de francs.


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