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Mesvaccins.ch, une honte pour la Suisse

OPINION. Annoncée fin août, la fin de la plateforme Mesvaccins.ch, et le fait que les données ne puissent être récupérées, n'est tout simplement pas acceptable

Il semble pour l’heure impossible de récupérer ses données sur la plateforme. — © SFIO CRACHO - stock.adobe.com
Il semble pour l’heure impossible de récupérer ses données sur la plateforme. — © SFIO CRACHO - stock.adobe.com

Permettez-moi de revenir sur une information qui date d’il y a quelques jours. Le 24 août, la fondation Mesvaccins cessait ses activités. Cette fondation, soutenue par les pouvoirs publics, avait créé un carnet de vaccination numérique, accessible via un ordinateur et une application. On pouvait y inscrire tous ses vaccins. Cette plateforme était même pressentie, un temps, pour être le pilier du système d’enregistrement pour les vaccins contre le coronavirus.

En l’espace de quelques semaines, tout s’est effondré. Fin mars, Republik.ch dévoile que 450 000 données de vaccination, dont celles concernant 240 000 personnes vaccinées contre le Covid-19, étaient accessibles et manipulables. Mi-mai, le préposé fédéral à la protection des données exigeait que cette plateforme soit fermée avec effet immédiat, tant les manquements en matière de sécurité étaient importants. Et le 24 août, la fondation tirait la prise.

En mars 2021: Le site Mesvaccins.ch déconnecté pour violation de la protection des données

Des aspects choquants

Plusieurs aspects sont choquants. Il y a d’abord les manquements à des principes élémentaires de cybersécurité. Il y a le manque de réactivité de la fondation. Il y a aussi l’impossibilité d’accéder, pour les centaines de milliers de Suisses qui avaient fait confiance à ce système, à leurs données. Lorsque l’association alémanique de défense des consommateurs SKS parle de «scandale», elle utilise le mot juste.

Ce qui dérange aussi, c’est l’importance des moyens investis: la semaine passée, on apprenait que de 2017 à 2020, l’Office fédéral de la santé publique avait contribué à hauteur de 1,26 million de francs au financement de la fondation Mesvaccins.ch, soit 45% du total des revenus.

Des motifs d’inquiétude

Tant d’argent investi pour rien. «La santé digitale est annoncée comme la solution qui va révolutionner notre système de santé. Force est de constater que les services à la disposition des citoyens sont en Suisse pour le moins limités. Il ne suffit pas d’organiser des conférences sur le sujet ni de communiquer sur telle ou telle innovation à venir, il faut développer des projets concrets qui soient utiles aux citoyens et aux patients de ce pays. La Suisse est en retard», écrivait récemment, à juste titre, le médecin Jean Gabriel Jeannot sur son blog hébergé par Le Temps.

De quoi nous inquiéter alors que le dossier numérique du patient est toujours en développement.