Autre signe positif, le réseau social d’origine, Facebook, a atteint les deux milliards d’utilisateurs actifs au quotidien, contre 1,98 milliard fin septembre. En tout, quelque 3,74 milliards de personnes utilisent au moins un des services de l’entreprise (réseaux sociaux et messageries) tous les mois. Ces bonnes surprises ne masquent pas la réalité d’une entreprise qui a connu des jours meilleurs.
Des milliers de licenciements et un gel des embauches
Au quatrième trimestre 2022, Meta a vu son bénéfice net divisé par deux à 4,65 milliards. Ses revenus et profits ont pâti de la diminution des budgets des annonceurs à cause de la crise économique, de la concurrence de TikTok et des changements réglementaires d’Apple, qui brident les capacités des réseaux sociaux à récolter les données des utilisateurs pour vendre des publicités ultra-ciblées.
Comme de nombreuses grandes entreprises, et tous ses grands voisins de la Silicon Valley sauf Apple, Meta a mis en place un plan social massif à l’automne. Le groupe a supprimé 11 000 postes, soit environ 13% de ses effectifs, et gelé les embauches jusqu’à fin mars 2023. Et ce n’est peut-être pas fini.
«Nous cherchons à (…) retirer certains échelons, certains postes intermédiaires de management pour accélérer les prises de décisions», a déclaré mercredi Mark Zuckerberg, le patron du groupe, lors de la conférence téléphonique avec les analystes. Il veut que 2023 soit «l’année de l’efficacité» après 18 ans de «croissance rapide» et pense qu’il sera ainsi «plus agréable» pour les employés de travailler, car «ils pourront accomplir plus de choses».
Des pertes importantes pour le métavers
Sa société inquiète les marchés depuis un an, quand le groupe avait pour la première fois perdu des utilisateurs sur Facebook. C’était peu après son changement de nom et l’annonce de son pivot vers le métavers, cet univers parallèle présenté comme l’avenir d’internet, accessible notamment via les réalités augmentée et virtuelle.
Mais Reality Labs, la branche chargée de développer le métavers, a creusé ses pertes à 4,3 milliards de dollars pendant le trimestre écoulé, après avoir déjà perdu 3,7 milliards au troisième trimestre, et 2,6 milliards au deuxième.
«Mark Zuckerberg va devoir accepter la triste réalité: les entreprises et les consommateurs n’ont pas d’appétit pour les mondes virtuels en ce moment», a commenté Debra Aho Williamson d’Insider Intelligence. Le milliardaire a indiqué mercredi que le métavers reste une priorité, mais moins urgente que l’IA.
Des efforts sur l'intelligence artificielle
L’IA fait depuis cet automne un retour en force comme star des nouvelles technologies, grâce au logiciel d’IA générative ChatGPT, qui déchaîne les passions. Mis en ligne par la start-up californienne OPenAI en novembre, il est capable de rédiger toutes sortes de textes et de lignes de codes informatiques.
Comme Google, Meta travaillait déjà sur l’IA générative. Mark Zuckerberg espère notamment qu’elle va permettre de créer facilement «des vidéos, des avatars et des images 3D» pour différentes plateformes. L’IA est aussi au cœur des efforts du numéro deux mondial de la publicité pour inciter ses utilisateurs à passer du temps sur ses applications et pour en tirer plus de revenus.
L’entreprise a copié les vidéos courtes et captivantes de TikTok avec ses «Reels» et se concentre à présent sur les algorithmes de recommandation personnalisée, qui ont largement contribué au succès de son populaire concurrent. Elle doit aussi trouver le moyen de mieux les monétiser, car à ce stade, l’intérêt pour les reels se traduit en «pertes de revenus», a admis le dirigeant, les utilisateurs passant moins de temps sur les pages centrales de Facebook ou d’Instagram, plus lucratives.
Les algorithmes doivent aussi aider Meta à contourner le problème posé depuis un an par la politique d’Apple sur la protection de la vie privée. L’IA permet en effet d’améliorer le ciblage et les mesures d’efficacité, sans récolter plus de données.
Insider Intelligence prédit que les parts de marché mondiales de Meta vont diminuer à moins de 20% cette année, après avoir atteint 22% en 2021.