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Microsoft et Uber se battent pour leurs données

L'éditeur d'Outlook estime que ses utilisateurs ont le droit sa savoir si le FBI enquête sur eux. Uber affiche, quant à lui, pour la première fois la liste des demandes de la police

Microsoft estime que ses clients devraient être avertis que leurs données sont lues par les autorités. — © REUTERS
Microsoft estime que ses clients devraient être avertis que leurs données sont lues par les autorités. — © REUTERS

Et si Microsoft ouvrait, après Apple, un nouveau front pour la défense des données de leurs utilisateurs? La plainte déposée jeudi soir par l’éditeur d’Outlook marque en tout cas une nouvelle étape du bras de fer entre géants de la technologie et autorités américaines pour l’accès aux données de leurs utilisateurs. Cette bataille a vu cette semaine un nouvel acteur entrer dans le débat. Uber, intermédiaire entre chauffeurs et passagers, a publié des chiffres sur les données qu’il a dû envoyer aux autorités.

Microsoft ne se contente pas de protester contre des demandes émanant de la police. Le groupe a décidé de porter plainte, auprès d’un tribunal fédéral de Seattle, contre le gouvernement américain. Il ne lui reproche pas de devoir donner des informations sur ses utilisateurs à la justice. Mais il exige de pouvoir en informer les clients de sa messagerie. Sur les 18 derniers mois, Microsoft affirme avoir reçu, aux Etats-Unis, 5624 demandes des autorités fédérales pour accéder à des données de ses clients. Dans près de la moitié des cas (2576), les autorités ont assorti leur demande d’une exigence interdisant à Microsoft de révéler à ses clients qu’ils étaient sous surveillance. L’éditeur affirme qu’il se plie toujours à ces demandes. Mais ce qu’il n’accepte pas, c’est que dans 1752 cas, les autorités n’ont pas fixé de limite de temps. Microsoft n’a ainsi jamais été capable, pour ces cas, d’en avertir ses utilisateurs.

«C’est stupéfiant»

Cette situation, Microsoft l’estime intolérable. «Les consommateurs et les entreprises, à de rares exceptions près, ont le droit de savoir quand le gouvernement accède à leurs emails ou leurs archives», a écrit Brad Smith, directeur juridique de Microsoft, dans un blog. Interrogé par le Wall Street Journal, un juriste de l’association Electronic Frontier Foundation, a affirmé: «Je ne savais pas qu’autant de juges effectuaient ces demandes sans spécifier de durée temporelle. C’est stupéfiant.»

Comme dans l’affaire d’Apple contre le FBI, Microsoft commence à recevoir des soutiens de l’industrie. Yahoo! et le service de stockage en ligne Box.com ont estimé que sa cause était juste. La marque à la pomme n’a pas encore réagi, tout comme Google. Mais, selon le Wall Street Journal, ce dernier a affirmé que par le passé, ses positions rejoignaient généralement celles de Microsoft.

11 millions de clients d’Uber concernés

Alors que la publication de rapports sur les demandes gouvernementales était jusqu’à présent le fait de Google, Microsoft, Facebook ou Apple, un nouvel acteur, Uber, s’est joint cette semaine à ce mouvement. Dans son «Rapport de la transparence», la société basée à San Francisco affirme qu’entre juillet et décembre 2015, plusieurs autorités lui ont demandé de leur fournir au total des informations sur 11,64 millions de passagers et 583 000 chauffeurs. Mais, plus spécifiquement, la société a reçu 408 demandes pour les comptes de passagers et 205 concernant des chauffeurs. Dans 36,7% des cas, Uber affirme avoir dû fournir des informations sous contrainte, alors qu’elle estimait que rien ne le justifiait. La société affirme que trop de demandes sont floues et sans motif clair.