Il y a pile trois mois, Reed Hastings s’excusait platement devant les investisseurs. Après des résultats jugés décevants, l’action avait plongé de 13%. «Il est de nouveau temps pour moi de présenter mes excuses pour la volatilité de l’action», a plaisanté le directeur de Netflix dans la nuit de lundi à mardi. Les résultats du troisième trimestre du numéro un mondial de la vidéo à la demande ont fait grimper l’action de 20% dans les échanges hors bourse. Si Netflix a annoncé une hausse plus importante que prévu du nombre de ses abonnés, il a surtout rassuré en annonçant des investissements en hausse.

Cette année, Netflix aura dépensé 5 milliards de dollars (4,95 milliards de francs) dans des productions propres de films et surtout de séries, en association avec des studios de Hollywood. Pour 2017, le montant prévu est de 6 milliards de dollars. Ces investissements doivent permettre à l’éditeur des séries «Narcos», «Orange is the New Black» ou encore «Stranger Things» de créer plus de 1000 heures de contenu original l’an prochain, soit une hausse de deux tiers par rapport à cette année. A titre de comparaison, Amazon, qui tente de concurrencer Netflix, a investi 3 milliards de dollars en contenu propre l’année passée. Pour conforter sa place de numéro un, Netflix compte financer ses investissements en s’endettant.

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Présence dans 130 pays

Ses séries et ses films, la société les propose à un nombre grandissant de téléspectateurs. Netflix est aujourd’hui présent dans 130 pays, dont la Suisse depuis septembre 2014. Parmi les grands marchés, seule la Chine lui échappe pour le moment. Netflix compte 83 millions d’abonnés payants (un chiffre en hausse de 3,57 millions sur trois mois). Sur le troisième trimestre, le chiffre d’affaires est passé de 1,74 à 2,29 milliards de dollars, pour un bénéfice en hausse de 29,4 à 51,5 millions. Malgré les investissements, Reed Hastings a promis un bénéfice substantiel et durable dès 2017.

Malgré sa domination mondiale, le directeur de Netflix aime répéter à ses employés qu’en face, Facebook et YouTube comptent plus d’un milliard d’utilisateurs actifs de leurs services de vidéo. «Nous sommes si petits comparé à des sociétés spécialisées dans la vidéo sur Internet», a affirmé Reed Hastings. En Suisse, les services de Netflix sont disponibles sur smartphone, tablette, ordinateur et téléviseur – UPC proposera, dans les prochains mois, son application à ses clients. Netflix ne donne pas de chiffre d’audience en Suisse, où il fait face à la concurrence de Swisscom et UPC – qui proposent films et séries à la demande –, mais aussi d’acteurs indépendants, tels que HollyStar. La société basée à Neuchâtel loue des vidéos aux particuliers et fournit aussi son service à Sunrise et Ex Libris.

2170 vidéos en Suisse

Pour Eric Grignon, directeur de HollyStar, la concurrence de Netflix est à relativiser: «Bien sûr, c’est un acteur important qui propose un service de qualité au niveau mondial. Mais on constate qu’en Suisse, de nombreuses séries proposées ne sont pas très récentes, et que du contenu original n’est parfois pas disponible ici.» HollyStar revendique un catalogue d’environ 10 000 films et séries, tout comme UPC. Swisscom avance le chiffre de 3000 titres en français, pour un total de 9000 dans les trois langues. De plus, avec l'abonnement «Play», Swisscom offre un catalogue distinct de 7500 titres pour la Suisse romande.

En Suisse, selon un site spécialisé indépendant, Netflix proposerait 2170 vidéos, contre par exemple 5087 aux Etats-Unis. «Il y a clairement une place pour nous sur le marché suisse, car nous proposons de nombreuses séries un jour après leur diffusion aux Etats-Unis, poursuit Eric Grignon. Nous constatons que le volume de la vidéo à la demande double chaque année, ce qui nous a permis d’être rentables depuis 2015 et d’augmenter de 22% notre chiffre d’affaires cette année.» Du coup, HollyStar songe à lancer une offre illimitée – pour l’heure, il dispose d’une offre en semi-illimité, comprenant 20 films (renouvelés chaque mois) pour 9,90 francs mensuels. A titre de comparaison, l’offre standard de Netflix coûte 14,90 francs. 


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