Le voyage est hautement symbolique. Pour la deuxième édition de la Journée du digital, les pontes suisses du numérique sont montés à bord d’un train spécial reliant Berne à Zurich. De la capitale politique vers le cœur économique du pays. L’opération, déjà réalisée l’année dernière, permet de diffuser un message limpide: le train du futur est en marche.

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Le directeur des CFF, Andreas Meyer, a ouvert la marche. «La Suisse a un grand potentiel. Nous devons accélérer la transition pour ne pas rater le train du numérique, et avoir une vision solide pour répondre aux préoccupations de la population», a-t-il affirmé, tout en remerciant le président de la Confédération Alain Berset de sa présence. Une enceinte diffusait les discours d’ouverture de la journée dans un wagon réservé aux médias, avec quelques grésillements perturbateurs. Mais les bribes de mots entendus vont dans le même sens: la Suisse doit ouvrir le débat sur la transformation numérique.

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«Unique en Europe»

Les prises de parole inaugurales terminées, la foule de journalistes a pu s’engouffrer dans le wagon principal. Au milieu des tablettes tactiles et des petits fours, les acteurs de l’économie ont échangé sous l’œil des caméras. Une scène diffusait en direct dans la gare de Zurich. A l’entrée du wagon: Marc Walder, l’initiateur de la journée. «L’événement devient plus grand et plus décentralisé, il se déroule partout en Suisse. Un débat s’ouvre entre les acteurs économiques, la science, la politique et plus largement la société. C’est unique en Europe», s’est réjoui le fondateur de Digitalswitzerland et directeur général de Ringier, copropriétaire du Temps.

La journée du digital est réalisée en partenariat avec 70 entreprises et institutions. Lukas Gähwiler, directeur général d’UBS Suisse, voit en cette journée un moyen de «faire tomber les murs» entre les différents secteurs. «Le numérique est un enjeu important pour les grandes entreprises. La grande question est: comment faire évoluer le modèle d’affaires?» a-t-il ajouté.

«Comprendre les fondamentaux»

Cette année, l’accent est mis sur l’ouverture. «Si les parents discutent ce soir du numérique avec leurs enfants, que la thématique est abordée dans les écoles, alors la journée sera réussie», a estimé Marc Walder. Un acteur romand est particulièrement concerné par l’éducation. Il s’agit de Martin Vetterli, à la tête de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. «Je veux être sur la photo avec Alain Berset», plaisante-t-il, avant de détailler l’ambition de l’EPFL dans le domaine du numérique.

Et encore: Un petit robot en mission à l'école

Il y a deux ans, l’établissement a introduit une nouvelle matière: le computational thinking, une méthode qui vise à résoudre des problèmes avec des moyens informatiques. Et pour cette journée spéciale, il vient présenter «en grande pompe» le petit robot éducatif Thymio. «Il est nécessaire de comprendre les fondamentaux de l’informatique. Ce n’est pas que l’affaire des entreprises, c’est aussi un enjeu pour la société», souligne-t-il. Une vision partagée par le président de la Confédération.

Une fois arrivé en gare de Zurich, sous le regard de voyageurs amusés, Alain Berset a pris la parole au milieu du hall, où se tenait une foire du numérique. «Cette énorme transformation ne réussira que si tous les acteurs sont conscients que l’intégration dans la société de ce bouleversement technique est un plus grand défi que l’optimisation de modèles d’affaires numériques», a-t-il déclaré, avec une mise en garde prononcée en français: la numérisation ne doit pas renforcer les disparités entre les régions.